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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 2 septembre 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 36 du 5 septembre 2013)

La menace du commérage

La langue, les commérages, les ragots sont des armes qui chaque jour assaillent la communauté humaine, en semant envie, jalousie et avidité du pouvoir. Avec elles, on peut en arriver à tuer une personne. C’est pourquoi parler de paix signifie aussi penser à tout le mal que l’on peut faire avec la langue.

C’est une profonde réflexion que propose le Pape François dans l’homélie de la Messe célébrée dans la chapelle de la Domus Sanctae Marthae, tradition reprise lundi 2 septembre.

Le Pape s’est inspiré du récit du retour de Jésus à Nazareth, tel qu’il est proposé par Luc (4, 16-30) dans un passage de l’Évangile parmi les plus « dramatiques », dans lequel — a dit le Pape — « on peut voir comment est notre âme » et comment le vent peut la faire tourner d’un côté à l’autre. À Nazareth, a expliqué le Pape, « tous attendaient Jésus. Ils voulaient le trouver. Et lui est allé trouver les siens. Pour la première fois, il revenait dans son village. Et eux l’attendaient parce qu’ils avaient entendu tout ce que Jésus avait fait à Capharnaüm, les miracles. Et quand commence la cérémonie, comme d’habitude, ils demandent à l’hôte de lire le livre. Jésus le fait et lit le livre du prophète Isaïe, qui était un peu la prophétie à son propos et c’est pourquoi il conclut la lecture en disant “Aujourd’hui s’accomplit cette écriture que vous avez écoutée” ».

La première réaction, a expliqué le Pape, a été très belle, tout le monde a apprécié. Mais ensuite, dans l’âme de certains, a commencé à s’insinuer le ver de l’envie et on a commencé à dire « Mais où a-t-il étudié celui-là ? N’est-ce pas le fils de Joseph ? Et nous connaissons toute sa parentèle. Mais dans quelle université a-t-il étudié ? ». Et ils ont commencé à prétendre qu’il fasse un miracle : ce n’est qu’alors qu’ils croiraient. « Ceux-là — a précisé le Pape — voulaient du spectacle : “Fais un miracle et nous croirons en toi”. Mais Jésus n’est pas un artiste ».

Jésus ne fit pas de miracles à Nazareth. Il souligna au contraire le peu de foi de qui demandait du « spectacle ». Et eux, a noté le Pape François, « sont rentrés dans une grande colère, ils se sont levés et ils poussaient Jésus jusqu’au mont pour le jeter et le tuer ». Ce qui avait commencé dans la joie menaçait de se conclure par un crime, l’assassinat de Jésus « par jalousie, par envie ». Mais il ne s’agit pas seulement d’un événement qui a deux mille ans, a souligné l’Évêque de Rome. « Cela arrive tous les jours — a-t-il dit — dans notre cœur, dans nos communautés » chaque fois que l’on accueille quelqu’un en parlant bien de lui le premier jour et puis de moins en moins jusqu’à arriver aux commérages presque jusqu’à l’« écorcher ». Celui qui, dans une communauté, cancane contre un frère finit par « vouloir le tuer », a souligné le Pape. « L’apôtre Jean — a rappelé le Saint-Père — dans la première lettre, chapitre 3, verset 15, nous dit cela : celui qui hait son frère dans son cœur est un assassin ». Et le Pape a immédiatement ajouté : « Nous sommes habitués aux commérages, aux ragots » et souvent nous transformons nos communautés et même notre famille en un « enfer » où se manifeste cette forme de criminalité qui conduit à « tuer son frère et sa sœur avec sa langue ».

« La Bible — a poursuivi le Pape — dit que le diable est entré dans le monde par jalousie. Une communauté, une famille peut être détruite par cette jalousie qu’enseigne le diable dans le cœur et fait que l’un parle mal de l’autre ». Et, se référant à ce qui advient ces derniers jours, il a souligné qu’il faut penser aussi à nos armes quotidiennes : « la langue, les commérages, les ragots ».

Ainsi, comment construire une communauté, s’est demandé le Pape ? De la manière « dont est construit le ciel » a-t-il répondu ; de la manière dont l’annonce la Parole de Dieu : « Vient la voix de l’archange, le son de la trompette de Dieu, le jour de la résurrection. Et il dit ensuite : et ainsi serons-nous pour toujours avec le Seigneur ». Donc « pour qu’il y ait la paix dans une communauté, dans une famille, dans un pays, dans le monde, nous devons commencer par être avec le Seigneur ». Et là où se trouve le Seigneur, il n’y a pas d’envie, il n’y a pas de criminalité, il n’y a pas de jalousies. Il y a la fraternité. Demandons cela au Seigneur : ne jamais tuer notre prochain avec notre langue et être avec le Seigneur comme nous tous serons au ciel ».

 



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