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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 7 octobre 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 42 du 17 octobre 2013)

Fuir Dieu

Pour entendre la voix de Dieu dans sa vie, il faut avoir un cœur ouvert aux surprises. Autrement, le risque est de « fuir Dieu », en inventant parfois même une bonne excuse. Il peut arriver ainsi que précisément les chrétiens aient la tentation de fuir Dieu et que les personnes « éloignées » réussissent en revanche à l’écouter. C’est ce qu’a dit le Pape lors de la messe du 7 octobre. L’Évêque de Rome, a pris comme exemple l’histoire de Jonas, pour commenter la première lecture (1, 1-2, 1.11) : il « avait toute sa vie bien établie : il servait le Seigneur, peut-être priait-il tant. C’était un prophète, il était bon, il faisait du bien ». Étant donné qu’« il ne voulait pas être dérangé dans la méthode de vie qu’il avait choisie, au moment où il a entendu la Parole de Dieu, il a commencé à fuir. Et il fuyait Dieu ». Ainsi, lorsque « le Seigneur l’envoie à Ninive, il prend le bateau pour l’Espagne. Il fuyait le Seigneur ».

En fin de compte, Jonas avait déjà écrit sa propre histoire : « Je veux être comme ceci, comme cela, selon les commandements ». Il ne voulait pas être dérangé. Voilà la raison de sa « fuite de Dieu ». Et si « on peut fuir directement », a-t-il poursuivi, « il y a d’autres manières de fuir Dieu, un peu plus élégantes, un peu plus sophistiquées ». Il fait référence au passage évangélique de Luc (10, 25-37) qui raconte l’histoire de « cet homme, à demi mort, allongé sur le bord de la route. Par hasard, un prêtre descendait cette même route. Un prêtre digne, avec la soutane : bien, très bien. Il l’a vu et l’a regardé : j’arriverai en retard pour la Messe, et il a passé son chemin. Il n’avait pas entendu la voix de Dieu, là ». Il s’agit, d’« une façon différente de fuir : non pas comme Jonas qui fuyait clairement. Puis, passe un lévite et peut-être a-t-il pensé : Mais si je l’emmène, ou si je m’approche, peut-être est-il mort, et demain je devrai aller chez le juge et apporter mon témoignage. Et il passa outre. Il fuyait cette voix de Dieu chez cet homme ». En revanche, il est « curieux » que celui qui a « la capacité de comprendre la voix de Dieu » soit « uniquement » un homme « qui habituellement fuyait Dieu, un pécheur ». En effet, a précisé le Pape, « celui qui entend la voix de Dieu et s’approche » de l’homme qui a besoin d’aide « est un samaritain, un pécheur », éloigné de Dieu. Un homme, qui « n’était pas habitué aux pratiques religieuses, à la vie morale ». Il était théologiquement dans l’erreur « parce que les samaritains croyaient que Dieu devait être adoré ailleurs », et pas à Jérusalem. Mais précisément cette personne « a compris que Dieu l’appelait ; et il ne fuit pas ». Je me demande « et je vous demande à vous aussi : laissons-nous Dieu écrire notre vie ou voulons-nous l’écrire nous-même ? Et cela nous parle de la docilité : sommes-nous dociles à la Parole de Dieu? Oui, je veux être docile. Mais as-tu la capacité de l’écouter, de l’entendre ? As-tu la capacité de trouver la Parole de Dieu dans l’histoire de chaque jour ou tes idées sont-elles ce qui te soutient et tu ne laisses pas la surprise du Seigneur te parler ? ». « Je suis certain que nous tous, aujourd’hui, en ce moment, nous disons : mais ce Jonas, il l’a bien cherché, et ces deux-là, le prêtre et le lévite, sont des égoïstes. C’est vrai : le samaritain, le pécheur, n’a pas fui Dieu ! ». D’où le souhait que « le Seigneur nous accorde d’entendre sa voix qui nous dit : Vas et toi aussi, fais de même ».



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