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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

La corruption est pire que le péché

Lundi 3 avril 2017

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°015 du 13 avril 2017)

Au croisement profondément humain entre «innocence et péché, corruption et loi», Jésus demande de toujours regarder les autres avec miséricorde, sans se faire le juge de leur cœur. «La parole de Dieu que l’Eglise offre aujourd’hui à notre méditation semble porter sur deux femmes surprises en délit d’adultère: un adultère faux, fictif; l’autre vrai». La référence porte sur l’épisode de Suzanne, racontée dans le livre de Daniel (13, 1-9.15-17.19-30.33-62), et sur celui de la femme surprise en adultère, racontée par Jean (8, 1-11). A travers ces deux femmes donc, «le message est profond» car dans les deux lectures, «quatre personnes se donnent rendez-vous, quatre situations diverses se rencontrent». C’est précisément «ce que l’Eglise veut que nous pensions, voyions aujourd’hui: on rencontre l’innocence et le péché, la corruption et la loi». En effet, de la liturgie ressort «une rencontre entre ces quatre choses: innocence, péché, corruption et loi». Le Pape est parti de l’«innocence de cette femme, Suzanne, faussement accusée par ces deux juges âgés: elle est contrainte de choisir: ou la fidélité à Dieu et à la loi, ou sauver sa vie». Qui sait, «peut-être Suzanne avait-elle d’autres péchés, parce que nous sommes tous pécheurs». En effet, «la seule femme qui n’ait pas péché est la Vierge; tous les autres, nous tous, avons péché». Mais «Suzanne était une femme dont les péchés n’étaient pas graves, ce n’était pas une adultère, elle était fidèle à son mari»; et cela est «l’innocence» présentée par la liturgie. Puis voilà «le péché; l’autre femme a été surprise en train de pécher, elle avait vraiment péché, elle était adultère, elle n’avait pas été fidèle à son mari». Puis arrive «la corruption»: celle «des juges dans les deux cas, tant avec Suzanne qu’avec la femme adultère», parce que «dans les deux cas, les juges étaient corrompus». Et enfin, il y a «la loi, la plénitude de la loi: Jésus». En réalité, la corruption est pire que le péché. Les corrompus «croient bien faire les choses, ils se jugent avec impunité». De plus, «dans le cas de Suzanne», les deux vieillards «confessent même leur corruption» et «disent la vérité: ils étaient corrompus par les vices de la luxure». Ils disent à Suzanne: «Les portes du jardin sont fermées, on ne nous voit pas; nous te désirons, sois consentante et viens avec nous. Autrement nous porterons contre toi ce témoignage: il y avait un jeune homme avec toi, et c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles». En somme, ils lui disent: «ou bien tu fais cela, ou bien nous apporterons un faux témoignage». Ce n’est pas le premier cas dans la Bible où apparaissent les faux témoignages», «pensons à Jésus, qui est condamné à mort pour faux témoignage, pensons à saint Etienne». Mais, a dit le Pape en se référant au passage évangélique de Jean, «les docteurs de la loi qui apportent cette femme sont eux aussi corrompus — scribes, certains pharisiens — et ils disent à Jésus: “Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère”». «Et il y a la quatrième personne, Jésus: la plénitude de la loi». Et «on le rencontre comme maître de la loi devant ceux qui sont maîtres de la loi: “toi, qu’en dis-tu?” lui demandent-ils». Aux «faux juges qui accusaient Suzanne», Jésus répond ainsi «par la bouche de Daniel: “Tu es de la race de Canaan et non de Juda! La beauté t’a dévoyé et le désir a perverti ton cœur. C’est ainsi que vous traitiez les filles d’Israël, et, par crainte, elles se donnaient à vous”». Et «à l’autre il dit: “Toi qui as vieilli dans le mal, tu portes maintenant le poids des péchés que tu as commis autrefois en jugeant injustement: tu condamnais les innocents et tu acquittais les coupables”». Jésus est la plénitude de la loi, et Jésus juge avec miséricorde. C’est pourquoi il est opportun de se demander si «nous sommes corrompus ou pas encore». Il est bon alors de s’arrêter et de regarder «Jésus qui juge toujours avec miséricorde: “moi non plus je ne te condamne pas, va, et désormais ne pèche plus”».



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