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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Les enfants qui ont faim au Yémen

Lundi 5 novembre 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°047 du 20 novembre 2018)

La violente tragédie au Yémen, où un peuple entier est au bord du précipice, et les nombreuses petites «guerres» en famille, dans la paroisse ou sur le lieu de travail ont les mêmes racines et se répandent si l’égoïsme et l’intérêt sélectif de la «rivalité» et de la «vanité» prévalent sur «l’unanimité et la concorde». C’est un appel puissant à la paix, dans les petites et grandes questions de la vie, que François a lancé.

«Jésus conseille de ne pas être sélectifs dans notre vie, de ne pas créer un cercle d’amis et oublier tous les autres», a immédiatement souligné le Pape, en se référant au passage liturgique de Luc (14, 12-14), et en soulignant que «le sens de ce passage de l’Evangile est clair: ne pas faire les choses par intérêt».

«Il y a des gens qui sont sélectifs et qui n’entretiennent des relations sociales qu’avec ceux qui peuvent les servir, en retournant les faveurs: ils agissent en pensant à leur intérêt et les autres sont exclus». Mais cela «est une forme d’égoïsme, de ségrégation et d’intérêt». En revanche, «le message de Jésus est le contraire: c’est celui de la gratuité». En effet, «Jésus est venu à nous non pas pour recueillir des choses ou lever une armée: non, non. Il est venu nous servir, nous donner tout gratuitement».

Ainsi, «le message de Jésus est: “tu agis gratuitement avec les autres, sans penser au retour, à l’intérêt, à ton profit”». Et ce style «élargit: il élargit la vie, il élargit le chemin de la vie, il élargit l’horizon, parce qu’il est universel». Donc «la gratuité que Jésus nous apporte est pour tous: elle n’est pas sélective».

«Les sélectifs sont toujours un facteur de division». C’est pour cette raison que «Paul (Ep 2, 1-4) nous conseille de devenir “unanimes”, même “concordes”, c’est-à-dire avec un cœur, tous: le même cœur».

«Il y a deux choses qui vont contre l’unité, contre cette façon d’être “unanimes” et “concordes”: la rivalité et la vanité». Et ainsi, «si je veux faire un examen de conscience et voir si je suis sélectif, je dois m’interroger sur ma rivalité et sur ma vanité».

Pour affronter la question de la «rivalité», François a fait référence, comme «exemple», aux expériences en paroisse. La rivalité peut apparaître quand «le curé doit faire quelque chose, changer de gens et la rivalité naît: “il a choisi un tel et pas l’autre”, “il a fait ceci et pas cela”». Voilà comment naissent «les luttes de rivalité».

Souvent, il est inutile de rappeler à ces personnes qu’elles sont toutes là «pour servir le Seigneur», parce que la réponse est: «Oui, oui, mais moi en premier!». C’est précisément cela «la rivalité et le commérage naît aussi de la rivalité, parce que de nombreuses personnes sentent qu’elles ne peuvent pas s’élever, alors pour devenir plus fortes que l’autre, elles diminuent l’autre avec le commérage». La rivalité devient ainsi également «une façon de détruire les personnes».

Il y a ensuite également «la vanité: je me vante de» quelque chose. Comme pour dire: «C’est moi qui ai été élu, pas l’autre, c’est moi qui suis plus important, je pense être meilleur que les autres». Mais «cela détruit une communauté, détruit aussi une famille: pensez à la rivalité entre frères pour l’héritage du père, par exemple, c’est une chose qui arrive tous les jours».

«La vie chrétienne naît de la gratuité de Jésus et doit avancer toujours sur cette règle de gratuité»: «Je fais le bien et je ne me préoccupe pas si les autres le font ou pas; je ne suis pas meilleur que les autres, non».

François a alors fait référence à l’actualité, en rappelant une grave crise humanitaire en cours: «Quand nous lisons les nouvelles des guerres, nous pensons aux nouvelles de la faim des enfants au Yémen, fruit de la guerre: c’est loin, les pauvres enfants, mais pourquoi n’ont-ils rien à manger?». Toutefois, «la même guerre se fait chez nous, dans nos institutions avec cette rivalité, elle commence là, la guerre». Et aussi «la paix doit se faire là: dans la famille, dans la paroisse, dans les institutions, au travail, en cherchant toujours l’unanimité et la concorde et non pas son propre intérêt».



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