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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 17 juin 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 25 du 20 juin 2013)

Le rien et le tout du chrétien

« Le rien est la semence de la guerre, toujours ; parce qu’il est la semence de l’égoïsme. Le tout, le grand tout, c’est Jésus ». C’est sur la compréhension correcte de ce binôme que se fondent la douceur et la magnanimité qui distinguent le chrétien. Tels sont les paroles du Pape François lors de la Messe du 17 juin. Commentant les lectures du jour, tirées de la seconde lettre de saint Paul aux Corinthiens (6, 1-10) et de l’évangile de Matthieu (5, 38-42), le Pape s’est arrêté sur le sens de ce qu’il a appelé « un classique » des enseignements évangéliques, c’est-à-dire le sens de ce que dit Jésus à propos de la gifle reçue sur la joue, à laquelle le chrétien répond en offrant l’autre joue. Quelque chose, a dit le Pape, qui va contre la logique du monde, selon laquelle à une offense on répond par une réaction égale et contraire, parce que « nous devons nous défendre, nous devons nous battre, nous devons défendre notre place. Et si on nous donne une gifle, nous en donnerons deux. C’est cela qui est logique, qui est normal, non ? ». Mais Jésus va plus loin et dit qu’après avoir reçu une gifle, il faut faire une halte avec l’autre, lui consacrer du temps. Et s’il demande quelque chose, il faut lui donner bien plus. Cela est la loi de Jésus : « La justice qui conduit à une autre justice, totalement différente de l’œil pour œil, dent pour dent ». Le Saint-Père a ensuite rappelé l’attention sur la phrase par laquelle Paul conclut la page du passage lu pendant la liturgie. Parce que, a-t-il expliqué, « il nous dit une parole qui nous aidera peut-être à comprendre le sens de la gifle sur la joue et le reste. Il finit, en effet, en disant cela : “Comme gens qui n'ont rien, nous qui possédons tout.” ». C’est le binôme sur lequel l’Évêque de Rome a invité à réfléchir : le rien et le tout. « C’est, je crois — a-t-il en effet précisé — la clé d’interprétation de cette parole de Jésus, la clé pour bien interpréter cette justice que Jésus nous demande, une justice supérieure à celle des scribes et des pharisiens ». Comment se résout la tension entre le tout et le rien ? Le tout constitue l’assurance chrétienne : « Nous sommes sûrs que nous possédons tout, tout avec le salut de Jésus Christ. Et Paul en était convaincu au point qu’il dit : mais pour moi ce qui importe c’est Jésus Christ, le reste n’a pas d’importance; le reste pour moi est à jeter. Le tout est Jésus Christ. Les autres choses ne sont rien pour le chrétien. En revanche pour l’esprit du monde le tout, ce sont les choses : les richesses, la vanité, l’importance », et au contraire « le rien, c’est Jésus ». La grâce invoquée par le Pape est que le Seigneur « élargisse notre cœur, et nous fasse humbles, doux et magnanimes, parce que nous avons tout en Lui » ; en nous préservant de créer « des problèmes quotidiens autour du rien ».

 



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