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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 19 novembre 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 48 du 28 novembre 2013)

La table du grand-père

Le Pape François a à nouveau exalté le rôle précieux des personnes âgées dans l’Église et dans la société. Il en a parlé au cours de la Messe célébrée le 19 novembre, dans la chapelle de Sainte-Marthe. Son homélie a débuté par une question : « Que laissons-nous en héritage à nos jeunes ? ». Pour répondre, le Pape a rappelé le récit contenu dans le deuxième livre des Maccabées (6, 18-31) dans lequel est rapporté l’épisode du sage ancien Éléazar, l’un des scribes les plus estimés, qui, plutôt que manger la viande interdite pour complaire au roi, s’engagea volontairement dans le martyre. Les conseils de ses amis l’exhortant à faire semblant de manger cette nourriture pour se sauver ne servirent à rien. Il préféra mourir dans les souffrances plutôt que donner un mauvais exemple aux autres, surtout aux jeunes. « Un homme âgé cohérent jusqu’au bout », l’a défini le Saint-Père, dans le comportement exemplaire duquel on peut reconnaître « le rôle des personnes âgées dans l’Église et dans le monde ». Éléazar pensait donc à ce qu’il laisserait en héritage aux jeunes à travers son choix. Et il se demandait : « Un compromis, c’est-à-dire moitié moitié, une hypocrisie ou la vérité, celle que j’ai tenté de suivre toute ma vie ? ». Voilà « la cohérence de cet homme, la cohérence de sa foi mais aussi la responsabilité de laisser un héritage noble, vrai ». « Nous vivons à une époque où les personnes âgées ne comptent pas. C’est triste à dire, a répété le Saint-Père, mais on les met au rebut parce qu’elles dérangent ». Pourtant, « les personnes âgées sont celles qui apportent l’histoire, la doctrine, la foi et nous les laissent en héritage. Elles sont comme le bon vin qui a vieilli, elles ont en elles la force pour nous donner ce noble héritage ». Ici, le Pape est revenu par la mémoire à son enfance : « Je me souviens, a-t-il dit, qu’enfant on nous racontait cette histoire. Il était une fois une famille, un papa, une maman et beaucoup d’enfants. Et il y avait aussi un grand-père qui vivait avec eux. Mais il avait vieilli et, à table, quand il mangeait sa soupe, il se salissait : la bouche, la serviette. Il n’était pas beau à voir ! Un jour, le papa décréta que, vu ce qui arrivait au grand-père, à partir du lendemain, il mangerait seul. Et il acheta une petite table, il la mit dans la cuisine ; ainsi, le grand-père mangeait seul dans la cuisine et la famille dans la salle à manger. Après plusieurs jours, le papa rentra chez lui et trouva un de ses enfants qui jouait avec du bois. Il lui demanda : “Que fais-tu ?”. “Je joue au menuisier”, répond l’enfant. “Et que construis-tu ?”. “Une table pour toi papa, pour quand tu seras vieux comme grand-père”. Cette histoire m’a fait tant de bien pendant toute ma vie. Les grands-parents sont un trésor ». « Cela nous fera du bien de penser aux nombreux hommes et femmes âgés, si nombreux qui sont dans les maisons de retraite et aussi à tous ceux qui — c’est un mot affreux mais disons-le — sont abandonnés par leurs proches », a ensuite ajouté le Saint-Père, en rappelant qu’« ils sont le trésor de notre société. Prions pour eux pour qu’ils soient cohérents jusqu’au bout. Cela est le rôle des personnes âgées, c’est le trésor. Prions pour nos grands-pères et nos grands-mères qui ont eu si souvent un rôle héroïque dans la transmission de la foi à l’époque de persécutions ». Surtout dans les temps passés, quand les papas et les mamans n’étaient pas souvent à la maison ou avaient de drôles d’idées, embrouillées par les idéologies en vogue à cette époque, « ce sont justement les grands-mères qui ont transmis la foi ».



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