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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 19 juin 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 27 du 2 juin 2015)

A la bourse du ciel

Les richesses qui comptent sont celles reconnues par la «bourse du ciel». Et elles ne coïncident pas avec les logiques avides des hommes, destinées à être la proie des «mites et de la rouille» mais aussi à déclencher des guerres. Ainsi, le secret véritable est de se comporter en administrateurs authentiques qui mettent tous les biens «au service des autres». «Jésus revient sur une catéchèse qui lui est très chère: la catéchèse sur les richesses», a immédiatement fait remarquer François, en relisant le passage évangélique du jour (Mt 6, 19-23). Et «son conseil est ici très clair: “N’accumulez pas pour vous des trésors sur la terre”». Car «les richesses ne sont pas comme une statue, elles ne sont pas immobiles: les richesses ont tendance à grandir, à se déplacer, à prendre toute la place dans la vie et dans le cœur de l’homme». Et «ainsi cet homme qui, pour ne pas devenir esclave de la pauvreté, accumule les richesses finit par devenir esclave des richesses». Voilà alors le conseil de Jésus: «N’accumulez pas pour vous des trésors sur la terre». François a ensuite rappelé que «Jésus, dans une autre catéchèse sur le même thème, sur le même argument, parlait d’un homme qui avait eu une bonne récolte de blé et pensait: mais que ferai-je à présent? Je démolirai mes silos et j’en ferai d’autres plus grands». Mais le Seigneur dit: «Sot, tu mourras cette nuit». Et «cela est une deuxième caractéristique de cette habitude: l’homme qui accumule des richesses ne se rend pas compte qu’il devra les laisser». Dans le passage évangélique d’aujourd’hui, «Jésus parle des mites et de la rouille: mais de quoi s’agit-il? Il y a la destruction du cœur, la corruption du cœur et aussi la destruction des familles». Mais, «dans ce discours, il va plus avant». Et «le passage après celui qui a été lu est très clair: personne ne peut servir deux maîtres, car il haïra l’un et aimera l’autre; ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre». En somme, le Seigneur dit «vous ne pouvez pas servir Dieu et la richesse». Davantage encore: «A la racine des guerres se trouve également cette ambition qui détruit, qui corrompt». En effet, «dans ce monde, en ce moment, il y a de nombreuses guerres à cause de l’avidité du pouvoir, des richesses». François a ensuite rappelé «un très beau dicton: le diable entre par le portefeuille» ou bien «entre par les poches, c’est la même chose: c’est l’entrée du diable et, par là, de tous les vices, de ces certitudes qui ne sont pas sûres». Et «cela est précisément la corruption, ce sont les mites et la rouille qui nous mènent de l’avant». Du reste, «accumuler est vraiment une caractéristique de l’homme: faire les choses et dominer le monde est aussi une mission». Mais «moi, que dois-je accumuler?». La réponse de Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui, est claire: «Accumulez en revanche pour vous des trésors au ciel, où il n’y a pas de voleurs, où l’on ne vole pas, où il n’y a ni mites ni rouille». C’est précisément «celle-ci la lutte de tous les jours: comment bien gérer les richesses de la terre pour qu’elles soient orientées vers le ciel et deviennent des richesses du ciel». «Quand le Seigneur bénit une personne par les richesses, il en fait l’administrateur de ces richesses pour le bien commun et pour le bien de tous» et «pas pour son propre bien». Mais «il n’est pas facile de devenir un administrateur honnête, car la tentation de la cupidité, de devenir important existe toujours: le monde enseigne cela et nous conduit sur cette voie». On doit en revanche «penser aux autres, penser que ce que je possède est au service des autres et que je ne pourrai emporter aucune chose que je possède avec moi». Et «si j’utilise ce que le Seigneur m’a donné pour le bien commun, comme administrateur, cela me sanctifie, me rendra saint». Mais «cela n’est pas facile». C’est pourquoi «quand un riche voit que son trésor est administré pour le bien commun, et que dans son cœur et dans sa vie, il vit simplement, comme s’il était pauvre: cet homme est saint, cet homme va sur la route de la sainteté, car ses richesses sont pour tous». Mais «cela est difficile, c’est comme jouer avec le feu». Pour cette raison, «tant de personnes tranquillisent leur conscience par l’aumône et donnent ce qu’elles ont en surplus». Mais «cela ne signifie pas être un administrateur: l’administrateur prend pour lui ce qui reste et donne tout aux autres, en service». En effet, «administrer la richesse signifie se dépouiller sans cesse de son propre intérêt et ne pas penser que ces richesses nous donneront le salut». Donc, «accumuler d’accord, accumuler des trésors d’accord, mais ceux qui sont cotés — disons ainsi — dans la “bourse du ciel”: là, il faut accumuler là!». Le Pape a conclu en rappelant que «dans la célébration de l’Eucharistie le Seigneur qui est si riche — très riche! — s’est fait pauvre pour nous enrichir». Qu’«avec sa pauvreté, il nous enseigne la chemin pour ne pas accumuler les richesses sur la terre, parce qu’elles corrompent». Et, «quand nous les possédons, à les utiliser comme des administrateurs, au service des autres».

 



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