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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 10 septembre 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 41 du 8 octobre 2015)

Comment faire la paix

« Paroles, paroles, paroles », chantait Mina dans une chanson célèbre. Et le Pape a lui aussi a répété ce refrain, précisément pour rappeler le caractère essentiel du « style chrétien » qui, sans beaucoup de bavardages et de belles paroles, doit tourner autour du binôme « paix et miséricorde », et donc du pardon et de la capacité de se supporter mutuellement. François a rappelé également les grandes guerres qui se combattent, et la honte du commerce des armes, et les petits conflits qui déchirent les familles, les lieux de travail et même les communautés chrétiennes. « Je me demande si nous remercions beaucoup pour ce don de la paix que nous avons reçu en Jésus ». Car « la paix a été faite, mais elle n’a pas été acceptée ». Et ainsi, « tous les jours encore, au journal télévisé, dans les journaux, nous voyons qu’il y a des guerres, des destructions, la haine, l’inimitié. Et cette inimitié dont le Seigneur a parlé au serpent après le péché est présente ! ». Du reste, « il y a aussi des hommes et des femmes qui travaillent beaucoup — mais qui travaillent beaucoup ! — pour fabriquer des armes pour tuer, des armes qui à la fin sont imprégnées par le sang de tant d’innocents, de tant de personnes ». Il y a « les guerres et il y a cette méchanceté de préparer la guerre, de fabriquer des armes contre l’autre, pour tuer ». Les termes de la question sont clairs : « La paix sauve, la paix te fait vivre, te fait grandir ; la guerre t’anéantit, t’entraîne vers le bas ». Donc, « il y a deux mots clés ». Le premier « est le pardon : si nous n’apprenons pas à pardonner, nous serons toujours en guerre ». D’où l’invitation de Paul  : « Comme le Seigneur vous a pardonné, faites la même chose ». Car « si tu ne pardonnes pas, tu ne peux pas recevoir la paix du Seigneur, le pardon du Seigneur ». « Chaque jour, quand nous récitons le Notre Père, nous disons : pardonne-nous, comme nous pardonnons ». Et c’est un “conditionnel” : nous cherchons à convaincre Dieu d’être bon, comme nous sommes bons en pardonnant : à l’envers ». À ce propos, le Pape a commenté : « Des paroles, non ? Comme on chantait dans cette belle chanson : “Paroles, paroles, paroles”, non ? Je crois que c’était Mina qui la chantait... Des paroles ! ». Il s’agit en somme de la bonne route : « Pardonnez-vous ! Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même ! Pardonnez-vous les uns le autres ! Et pour nous pardonner, voilà un bon conseil : en vous supportant mutuellement en famille, dans votre quartier, au travail... En nous supportant mutuellement ». « Combien de femmes héroïques sont présentes dans notre peuple, supportant pour le bien de la famille, de leurs enfants, tant de brutalités, tant d’injustices : elles supportent et vont de l’avant avec leur famille ». Et encore : « Combien d’hommes héroïques sont présents dans notre peuple chrétien, supportant de se lever tôt le matin et d’aller au travail — très souvent un travail injuste, mal payé — pour rentrer tard le soir, afin de pourvoir aux besoins de leur femme et de leurs enfants ». Ce sont précisément « eux les justes ». Mais « que de personnes, en revanche, au lieu de faire ce qu’elles doivent, font travailler leur langue et font la guerre ». En effet, « les mêmes dommages que fait une bombe dans un village sont faits par la langue dans une famille, dans un quartier, sur un lieu de travail ». Car « la langue détruit, fait la guerre ». Il y a une autre phrase dans le passage de Luc (6, 27-38) où le Seigneur dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». C’est une invitation à « comprendre les autres, non à les condamner ». C’est pourquoi, « si tu es prêtre et que tu ne te sens pas capable d’être miséricordieux, dis à ton évêque de te donner un travail administratif, mais ne descends pas au confessionnal, s’il te plaît ! ». Car « un prêtre qui n’est pas miséricordieux fait beaucoup de mal au confessionnal : il accable les personnes ! ». Et il faut être « miséricordieux aussi entre nous : “Revêtez-vous de sentiments de tendresse, de bonté d’humilité, de douceur, de magnanimité” », comme on lit précisément dans la lettre aux Colossiens. Le style chrétien est « tendresse, bonté, humilité, douceur, magnanimité ». C’est, en définitive, « le style de Jésus ». François a conclu sa méditation par une prière : « Que le Seigneur nous donne à tous la grâce de nous supporter mutuellement, de pardonner, d’être miséricordieux, comme le Seigneur est miséricordieux avec nous ».

 



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