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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE
EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 14 décembre 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 53 du 31 décembre 2015)

La leçon d’une grand-mère

« Dieu pardonne tout, sinon le monde n’existerait pas » : les paroles qu’une vieille dame adressa en 1992 à Jorge Mario Bergoglio sont une véritable « leçon » au début de l’année sainte de la miséricorde. Elles mettent en garde contre le danger de tomber dans la « rigidité cléricale », en suggérant d’emprunter la voie de l’espérance et de la miséricorde qui nous rend « libres ». Le Pape a invité à avoir « un regard pénétrant », qui sait aller au-delà pour voir et dire la vérité. « Dans la première lecture, nous avons écouté un passage du livre des Nombres » (24, 2-7,15-17) sur « l’histoire de Balaam: c’était un prophète, mais c’était également un homme qui avait des défauts, et même des péchés ». « Balaam a été “loué” par un certain Balaq, général et roi, qui voulut détruire le peuple de Dieu. Il l’envoya prophétiser contre le peuple de Dieu ». Mais « sur le chemin, Balaam rencontre l’ange du Seigneur et s’opère une conversion de son cœur, qui voit la vérité ». Mais « qu’est-il arrivé au cœur de Balaam ? ». « Il a ouvert son cœur et le Seigneur lui a donné la vertu de l’espérance ». Et « l’espérance est cette vertu chrétienne que nous avons comme un grand don du Seigneur et qui nous fait voir loin, au-delà des problèmes, des douleurs, des difficultés, au-delà de nos péchés ». Elle nous fait « voir la beauté de Dieu ». « Espérance », donc, est la parole clé. « Quand je suis avec une personne qui possède cette vertu de l’espérance et qui se trouve à un moment difficile de sa vie — que ce soit à cause de la maladie, de la préoccupation pour un fils ou une fille ou quelqu’un de la famille, quelle que soit la raison — mais qu’elle a cette vertu, dans la douleur, elle a l’œil pénétrant, elle a la liberté de voir au-delà, toujours au-delà ». Et cela est précisément « l’espérance, c’est la prophétie que nous donne aujourd’hui l’Église : elle veut des hommes et des femmes d’espérance, même au milieu des problèmes ». Parce que « l’espérance ouvre des horizons, l’espérance est libre, elle n’est pas esclave, elle trouve une place pour résoudre une situation ». Dans le passage de l’Évangile de Matthieu (21, 23-27) proposé par la liturgie, « nous voyons en revanche les hommes qui n’ont pas cette liberté, ils n’ont pas d’horizons, ce sont des hommes fixés sur leurs calculs ». Mais « les calculs humains ferment le cœur, ferment la liberté ». C’est « l’espérance » qui « nous rend légers ». « Cette hypocrisie des docteurs de la loi, qui est dans l’Évangile et qui ferme le cœur, nous rend esclaves : c’était des esclaves ». « Comme la liberté, la magnanimité, l’espérance d’un homme et d’une femme d’Église sont belles ». Et « au contraire, comme la rigidité d’une femme et d’un homme d’Église est mauvaise et fait du mal : la rigidité cléricale, qui n’a pas d’espérance ». « En cette année de la miséricorde, deux voies se présentent ». D’une part, il y a « ceux qui placent leur espérance dans la miséricorde de Dieu et qui savent que Dieu est le Père », que « Dieu pardonne toujours, et tout » et que « au-delà du désert, il y a le baiser du Père, le pardon ». De l’autre côté, « il y a également ceux qui se réfugient dans leur esclavage, dans leur rigidité, et qui ne savent rien de la miséricorde de Dieu ». Ceux dont parle l’Évangile de Matthieu « étaient des docteurs, avaient étudié, mais leur science ne les a pas sauvés ». « Je voudrais conclure par une anecdote qui m’est arrivée, en 1992. L’image de la Vierge de Fatima était arrivée dans mon diocèse. Lors d’une grande messe pour les malades, je suis allé confesser. J’ai confessé de midi à 18h00, lorsque la messe a fini. Il y avait beaucoup de confesseurs ». Quand je me suis levé pour aller célébrer une confirmation ailleurs, une vieille dame, âgée de 80 ans, s’est approchée avec les yeux qui voyaient au-delà, ces yeux pleins d’espérance. Et « je lui ai dit : “Grand-mère, vous venez vous confesser ? Mais vous n’avez pas péché !” ». À la réponse de la femme — « Père, nous en avons tous ! » — Jorge Mario Bergoglio a relancé le dialogue : « Mais le Seigneur ne les pardonne-t-il pas ? ». Et la dame, forte de son espérance, dit : « Dieu pardonne tout, parce que si Dieu ne pardonnait pas tout, le monde n’existerait pas ! ».

 



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