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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 6 juin 2016

( L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 24 du 16 juin 2016 )

Le navigateur et les quatre malheurs

Si les béatitudes sont « le navigateur de notre vie chrétienne », il existe également les « anti-béatitudes » qui certainement nous feront « nous tromper de route » : c’est contre l’attachement aux richesses, la vanité et l’orgueil que François a mis en garde, en indiquant dans la douceur, qui ne doit bien sûr pas être confondue avec la « bêtise », la béatitude sur laquelle réfléchir le plus. Et ainsi, le Souverain Pontife a suggéré de relire les pages évangéliques sur les béatitudes écrites par Matthieu et Luc. « Nous pouvons imaginer » dans quel contexte Jésus a prononcé le discours des béatitudes, tel que le rapporte Matthieu dans son Evangile ( 5, 1-12 ). Dans les béatitudes, « il y a beaucoup de belles choses : nous pouvons nous arrêter sur chacune d’elles jusqu’à dix heures du matin ». Mais « je voudrais m’arrêter sur la manière dont l’évangéliste explique cela ». Par rapport au passage de Matthieu proposé aujourd’hui par la liturgie, a affirmé le Pape, dans le chapitre 6 de son Evangile, Luc « dit la même chose, mais à la fin il ajoute quelque chose que Jésus a dit: les quatre malheurs ». Précisément « les quatre malheurs ». Et voilà que Luc fait lui aussi la liste de ces « bienheureux, bienheureux, bienheureux, tous bienheureux ». Mais ensuite il ajoute « malheur, malheur, malheur, malheur ». Il s’agit précisément de « quatre malheurs ». C’est-à-dire : « Mais malheur à vous, les riches ! car vous avez votre consolation. Malheur à vous, qui êtes repus maintenant ! car vous aurez faim. Malheur, vous qui riez maintenant ! Car vous connaîtrez le deuil et les larmes. Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ! C’est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes ». Et « ces malheurs éclairent l’essentiel de cette page, de ce guide du chemin chrétien ». Le premier « malheur » concerne les riches. « J’ai dit très souvent » que « les richesses sont bonnes » et que « ce qui fait du mal et qui est mauvais est l’attachement aux richesses, malheur ! ». En effet, la richesse « est une idolâtrie: quand je suis attaché, alors je suis idolâtre ». Ce n’est certainement pas un hasard si « la majeure partie des idoles sont faites d’or ». Et ainsi, il y a « ceux qui se sentent heureux, rien ne leur manque », ils ont « un cœur satisfait, un cœur fermé, sans horizons: ils rient, ils sont repus, ils n’ont faim de rien ». Et ensuite, il y a « ceux à qui plaît l’encens: ils aiment que tous parlent bien d’eux et ainsi, ils sont tranquilles ». Mais « “ malheur à vous ” dit le Seigneur : c’est l’anti-loi, c’est le mauvais navigateur ». Il est important de remarquer, a poursuivi le Pape, que « ce sont les trois marches qui conduisent à la perdition, de même que les béatitudes sont les marches qui mènent de l’avant dans la vie ». La première des « trois marches qui conduisent à la perdition » est, précisément, « l’attachement aux richesses », quand on a la sensation de n’avoir « besoin de rien ». La deuxième est « la vanité », chercher à ce « que tous disent du bien de moi, que tous parlent bien de moi : je me sens important, trop d’encens » et, à la fin, « je crois être dans le juste, pas comme celui-là », en suggérant de penser « à la parabole du pharisien et du publicain : “ Je te remercie parce que je ne suis pas comme celui-ci ” ». Au point que, quand nous sommes pris par la vanité, nous finissons même par dire, et cela arrive tous les jours, « merci, Seigneur, car je suis vraiment un bon catholique, pas comme le voisin, la voisine ». Le troisième est « l’orgueil qu’est la satiété », ce sont « les rires qui ferment le cœur ». « En gravissant ces trois marches, nous allons vers la perdition », parce que « ce sont les anti-béatitudes : l’attachement aux richesses, la vanité et l’orgueil ». « Les béatitudes sont en revanche le chemin, elles sont le guide qui nous conduit au royaume de Dieu ». Mais parmi toutes celles-ci, « il y en a une, je ne dis pas que ce soit la clé, mais elle nous fait beaucoup réfléchir: “ Heureux les doux ” ». Précisément « la douceur ». Jésus « dit de lui-même : apprenez de moi, qui suis doux de cœur, qui suis humble et doux de cœur ». Donc, « la douceur est une manière d’être qui nous rapproche tant de Jésus ».

 



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