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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Serviteurs libres

Mardi, 8 novembre 2016

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 47  du 24 novembre 2016)

Serviteur mais libre, fils et non esclave : tel est l’aspect de l’identité chrétienne approfondi par le Pape. Le point de départ de la réflexion a été le passage de l’Évangile de Luc (17, 7-10) dans lequel Jésus affirme : « Nous sommes des serviteurs inutiles ». Mais que signifie cette expression? Tout d’abord, « la première chose que nous avons demandée est que le Seigneur éloigne les obstacles, pour bien le servir, pour le servir librement, comme des fils ». On peut au moins rappeler deux des nombreux obstacles qu’un chrétien peut trouver sur son chemin et qui « empêchent de devenir des serviteurs ». L’un est certainement « l’envie de pouvoir ». Une difficulté commune, que l’on rencontre facilement dans la vie quotidienne : combien de fois, « peut-être chez nous », quelqu’un dit : « Ici c’est moi qui commande! », ou combien de fois également « sans le dire », nous avons fait sentir aux autres notre « envie de pouvoir »? En revanche, Jésus « nous a enseigné que celui qui commande doit devenir comme celui qui sert » et que « si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous ». C’est-à-dire que Jésus « renverse les valeurs de la mondanité, du monde ». Voilà pourquoi l’envie de pouvoir « n’est pas la route pour devenir un serviteur de Dieu, au contraire : c’est un obstacle, l’un de ces obstacles que nous avons prié le Seigneur d’éloigner de nous ». Il existe ensuite un autre obstacle, que nous pouvons rencontrer « également dans la vie de l’Église », et c’est « le manque de loyauté ». Nous le rencontrons « lorsque quelqu’un veut servir le Seigneur, mais qu’il sert aussi d’autres choses qui ne sont pas le Seigneur ». Pourtant, Jésus « nous a dit qu’aucun serviteur ne peut avoir deux maîtres : ou il sert Dieu, ou il sert l’argent ». Et la déloyauté « n’est pas la même chose qu’être pécheur ». En effet, « nous sommes tous pécheurs, et nous nous repentons de cela », mais être déloyaux c’est « comme faire un double jeu ». Et cela « constitue un obstacle ». Donc, « celui qui a envie de pouvoir et celui qui est déloyal peuvent difficilement servir, devenir des serviteurs libres du Seigneur ». La prière se poursuit : « ...pour que — deuxième requête — dans la sérénité du corps et de l’esprit » nous puissions nous consacrer au service. Le deuxième mot clé est donc « sérénité », c’est-à-dire « servir le Seigneur dans la paix ». François a expliqué : « Les obstacles ôtent la paix et te conduisent à cette agitation du cœur qui ne te fait pas être en paix, toujours anxieux, mal... sans paix ». Une insatisfaction « qui nous conduit à vivre dans cette tension de la vanité mondaine, vivre pour apparaître ». Mais ainsi « on ne peut pas servir le Seigneur ». Voilà donc que « nous demandons au Seigneur d’ôter les obstacles pour que dans la sérénité, aussi bien du corps que de l’esprit » — et c’est le troisième élément — nous puissions « nous consacrer librement à son service ». Le troisième mot clé est « liberté ». Car « le service de Dieu est libre : nous sommes des fils, pas des esclaves. Et servir Dieu en paix, avec sérénité, quand il a lui-même ôté les obstacles qui enlèvent la paix et la sérénité, signifie le servir dans la liberté ». Ce n’est pas un hasard « si quand nous servons le Seigneur dans la liberté, nous ressentons cette paix encore plus profonde ». C’est comme entendre à nouveau la voix du Seigneur qui dit : « Viens, viens, viens, serviteur bon et fidèle! ». C’est pourquoi, nous ne devons que « demander et laisser place », afin que Dieu « nous transforme en serviteurs libres, en fils, non en esclaves ».

 



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