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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Si la pastorale n’a pas de courage

Mardi 31 octobre 2017

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 046 du 16 novembre 2017)

Les chrétiens «croient-ils vraiment» dans la «force de l’Esprit Saint» qui est en eux? Et ont-ils le courage de «jeter le grain de blé», de se mettre en jeu, ou se réfugient-ils dans une «pastorale de conservation» qui ne laisse pas «le Royaume de Dieu grandir»? Telles sont les questions posées par le Pape François lors de la Messe, dans laquelle il a tracé un horizon d’«espérance», pour chaque homme en particulier et pour l’Eglise comme communauté: celui de la pleine réalisation du Royaume de Dieu, qui a deux piliers: la «force» explosive de l’Esprit et le «courage» de laisser cette force se déchaîner. Le Pape s’est inspiré de la lecture du passage évangélique (Luc 13, 18-21), dans laquelle «il semble que Jésus a un peu de difficultés: “Mais comment puis-je expliquer le Royaume de Dieu? A quoi puis-je le comparer?”» et il utilise «deux exemples simples de la vie quotidienne»: ceux de la graine de moutarde et du levain. Ils sont tous les deux petits, ils semblent inoffensifs, «mais quand ils entrent dans ce mouvement, ils ont à l’intérieur une puissance qui sort d’eux-mêmes et qui grandit, qui va au-delà, également au-delà de ce qu’on peut imaginer». C’est précisément «le mystère du Royaume». Paul, dans la Lettre aux Romains (8, 18-25), rappelle que la «croissance du Royaume de Dieu de dedans, de l’intérieur, est une croissance en tension». Voilà alors que l’apôtre explique: «Que de tensions il existe dans notre vie et où nous conduisent-elles», et il dit que «les souffrances de cette vie ne sont pas comparables à la gloire qui nous attend». Il y a une attente ardente dans ces tensions». Le Pape a alors relancé le concept d’«espérance»: l’homme et la création tout entière possèdent «les prémisses de l’Esprit», c’est-à-dire «la force intérieure qui nous fait aller de l’avant et qui nous donne l’espérance» de la «plénitude du Royaume de Dieu». C’est pourquoi l’apôtre Paul écrit «cette phrase qui nous enseigne tant: “Dans l’espérance, en effet, nous avons été sauvés”». Celle-ci est un «chemin», elle est «ce qui nous conduit à la plénitude, l’espérance de sortir de cette prison, de cette limitation, de cet esclavage, de cette corruption et d’arriver à la gloire». Et elle est «un don de l’Esprit» qui «est en nous et conduit à cela: à une chose grandiose, à une libération, à une grande gloire. Et c’est pourquoi Jésus dit: “A l’intérieur de la graine de moutarde, de cette petite graine, il y a une force qui déchaîne une croissance inimaginable”». Voilà alors la réalité préfigurée par la parabole: «En nous et dans la création — pour que nous allions ensemble vers la gloire — il y a une force qui se déchaîne: il y a l’Esprit Saint. Qui nous donne l’espérance». Et «vivre dans l’espérance c’est laisser que ces forces de l’Esprit aillent de l’avant et nous aident à grandir vers cette plénitude qui nous attend dans la gloire». La réflexion du Pape a ensuite pris en examen un autre aspect: le levain n’est pas laissé tout seul. On comprend donc que «si le blé n’est pas pris et jeté», ce ne sera qu’un grain. Si nous ne mélangeons pas le levain avec la vie, avec la farine de la vie, il restera seulement le levain». Il faut donc «jeter, mélanger, ce courage de l’espérance». Qui «grandit, parce que le Royaume de Dieu grandit de l’intérieur, non par prosélytisme». Il grandit «avec la force de l’Esprit Saint». A cet égard, le Pape a rappelé que «l’Eglise a toujours eu aussi bien le courage de prendre et de jeter, de prendre et de mélanger», que, également, «la peur de le faire». Et il a remarqué: «Très souvent nous voyons que l’on préfère une pastorale de conservation», plutôt que de «laisser le Royaume grandir». Quand cela se passe ainsi, «nous restons ce que nous sommes, tout petits, là»; peut-être «sommes-nous en sécurité», mais «le Royaume ne grandit pas». Alors que «pour que le Royaume grandisse, il faut du courage: celui de jeter le grain de blé, de mélanger le levain». Tout cela est contenu dans les paroles de Jésus et de Paul proposées par la liturgie: la «tension qui va de l’esclavage du péché» à la «plénitude de la gloire». Là où il y a l’espérance, il y a l’Esprit Saint. Et c’est précisément l’Esprit Saint qui fait aller de l’avant le Royaume de Dieu».

 



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