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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

L’autorité naît de la proximité

Mardi 9 janvier 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°003 du 18 janvier 2018)

«La double vie des pasteurs est une blessure dans l’Eglise»: mais même s’ils ont perdu l’autorité, qui vient uniquement de la «proximité avec Dieu et les personnes», ils ne doivent toutefois jamais perdre l’espérance de retrouver la «cohérence» et la capacité de s’«émouvoir». Le Pape François a mis les pasteurs en garde contre le danger de «célébrer les sacrements de façon mécanique, comme un perroquet», et d’ouvrir la porte aux personnes uniquement à horaires fixes. Parce qu’ils perdraient leur autorité, précisément, et même s’ils prêchaient la vérité, ils ne pourraient pas comprendre les problèmes des gens et arriver à leur cœur.

«Dans le passage de l’Evangile que nous avons écouté (Marc 1, 21-28), le mot “autorité” revient deux fois». Il est évident que nous sommes face à «un enseignement nouveau, donné avec autorité: “Commande même les esprits impurs et ils obéissent!”». Et «la nouveauté de Jésus est cette autorité». Les docteurs de la loi «disaient la vérité, mais elle n’arrivait pas au cœur: tout était calme, tranquille». «Au contraire, l’enseignement de Jésus provoque la stupeur», le «mouvement du cœur: “Mais que se passe-t-il?”». Ainsi «les gens le suivent, vont à sa suite parce qu’ils comprennent que ce que dit cet homme, il le dit avec “autorité”». «L’autorité n’est pas”: “Moi je commande, toi tu fais”. Non, c’est une autre chose, l’autorité est un don, une cohérence». «C’est une autorité divine, qui vient de Dieu». C’est pourquoi, quand les disciples l’interrogent sur la date de la fin du monde, il dit: “Personne ne le sait, pas même le Fils”. C’est un moment qui sera décidé par le Père». Et «c’est l’autorité que Jésus avait, comme pasteur, et le peuple parlait d’un “enseignement nouveau”. Pas comme les scribes». «Mais que faisaient les scribes?». «Ils enseignaient les choses qu’ils avaient apprises. Ils n’enseignaient pas des choses mauvaises: absolument pas! Ils enseignaient les choses véritables de la loi»: mais ils ne touchaient pas les personnes, «parce qu’ils enseignaient précisément de leur chaire et ne s’intéressaient pas aux personnes».

«Parce que ce qui donne de l’autorité — l’une des choses que donne l’autorité — est la proximité et Jésus avait de l’autorité parce qu’il s’approchaient des personnes». De cette façon «il “comprenait” les problèmes des gens, il comprenait la douleur des gens, il comprenait les péchés des gens». «Il était proche, il comprenait, il accueillait, il guérissait et enseignait avec proximité». Donc, «ce qui donne de l’autorité  à un pasteur, ou qui réveille l’autorité qui a été donnée par le Père, est la proximité: la proximité avec Dieu dans la prière — un pasteur qui ne prie pas, un pasteur qui ne cherche pas Dieu a perdu — et la proximité avec les gens». Il faut «de la proximité, cette double proximité». Et «cela est l’“onction” du pasteur qui s’émeut devant le don de Dieu dans la prière, et qui peut s’émouvoir devant les péchés, le problème, les maladies des gens: elle fait s’émouvoir le pasteur».

En revanche, «ces scribes, ces gens ne se laissaient pas émouvoir». «“Faites ce qu’ils disent” — ils disent la vérité — “mais pas ce qu’ils font”». C’est la question de la «double vie». «Il est triste de voir des pasteurs qui ont une double vie: c’est une blessure dans l’Eglise». Il est triste de voir «les pasteurs malades, qui ont perdu l’autorité et qui vont de l’avant dans cette double vie».

Sans doute, certains pasteurs pourraient-ils reconnaître avoir «perdu la proximité» en se disant: «je ne prie pas; quand je célèbre les sacrements, je le fais de façon mécanique, comme un perroquet; les gens me fatiguent; je suis disponible pour les gens de telle heure à telle heure, je mets un panneau sur la porte; je ne suis pas proche: ai-je tout perdu, Père?». François a alors voulu reproposer l’actualité de l’histoire d’Elie: «Je dirai aux pasteurs qui ont vécu leur vie détachés de Dieu et du peuple, des gens : ne perds pas espoir, il y a toujours une possibilité». Au point que pour Elie, «il a suffi de regarder, de s’approcher d’une femme, de l’écouter et de réveiller l’autorité pour bénir et prophétiser: cette prophétie a été réalisée et le fils est venu à la femme».

«L’autorité est le don de Dieu, elle ne vient que de lui et Jésus la donne aux siens: autorité dans la façon de parler qui vient de la proximité avec Dieu et avec les gens, toujours les deux ensemble; une autorité qui est cohérence, et pas une double vie». Et «si un pasteur perd son autorité, au moins, qu’il ne perde pas espoir, comme Elie: il est toujours temps de s’approcher et de réveiller l’autorité et la prophétie».

 



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