Index   Back Top Print

[ FR ]

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Les dictatures commencent en manipulant la communication

Lundi 18 juin 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°029 du 19 juillet 2018)

Le premier pas de toute dictature est la manipulation sans scrupules de la libre communication, à travers la séduction des scandales et les calomnies, pour affaiblir la vie démocratique et condamner des personnes et des institutions. Un système qui a été appliqué également par les dictatures du siècle dernier, comme le confirme l’horreur de la persécution contre les juifs. Mais que nous retrouvons aujourd’hui encore dans de nombreux pays, ainsi que dans la vie de chaque jour.

Pour sa réflexion, François s’est inspiré de la première lecture, tirée du premier Livre des Rois (21, 1-16), en constatant son actualité et en invitant chacun à la relire: «L’histoire de Nabot est émouvante: c’est l’histoire d’un martyr, d’un martyr de la fidélité à l’héritage qu’il avait reçu de ses pères».

«L’histoire de Nabot est paradigmatique de tant de martyrs de l’histoire»: «Elle est paradigmatique du martyre de Jésus, elle est paradigmatique du martyre de saint Etienne; elle est paradigmatique de tant de martyrs qui sont condamnés grâce à une mise en scène calomnieuse». Mais «cette histoire est également paradigmatique de la manière de procéder dans la société de tant de personnes, de tant de chefs d’Etat ou de gouvernement: ils diffusent un mensonge, une calomnie et, après avoir détruit une personne ou une situation par cette calomnie, ils jugent cette destruction et condamnent».

«Aujourd’hui aussi, dans de nombreux pays, on utilise cette méthode: détruire la libre communication». «Par exemple, quand il y existe une loi des médias, de la communication, on efface cette loi; on donne toute la technologie de la communication à une entreprise, à une société qui calomnie, qui dit des mensonges, qui affaiblit la vie démocratique». Du reste, «toutes les dictatures ont commencé ainsi, en adultérant la communication, pour mettre la communication entre les mains d’une personne sans scrupule, d’un gouvernement sans scrupule».

Mais «dans la vie quotidienne, c’est ainsi». Au point que «si je veux détruire une personne, je commence par la communication: dire du mal, calomnier, raconter des scandales». En plus, «communiquer des scandales est un fait qui possède une séduction immense, une grande séduction». Face à «un scandale», la réaction est: «Mais tu as vu! Tu as vu celui-ci! Tu as vu celui-là, ce qu’il a fait? Cette situation ne peut pas, ne peut pas aller de l’avant ainsi!». «La séduction du scandale dans la communication met vraiment hors jeu, elle détruit».

«Je suis très frappé de voir ce qui se passe quand Etienne fait ce long discours pour se défendre de ceux qui l’accusaient: ils n’écoutaient pas et, entre temps, ils choisissaient les pierres pour le lapider». Pour eux, en effet, «il était plus important de lapider Etienne que d’entendre la vérité». Et «ainsi, nous avons vu tant de personnes détruites par une communication malveillante, comme celle que fait la reine Jézabel»: «Tant de personnes, tant de pays détruits par des dictatures mauvaises et calomnieuses: pensons, par exemple, aux dictatures du siècle dernier». En particulier, «pensons à la persécution des juifs: une communication calomnieuse contre les juifs et ils finissaient à Auschwitz parce qu’ils ne méritaient pas de vivre». Et cela «est une horreur, mais une horreur qui arrive aujourd’hui: dans les petites sociétés, parmi les personnes et dans tant de pays».

En conclusion, François a invité à trouver «un peu de temps pour relire cette histoire de Nabot». Et pour penser «aux nombreuses personnes détruites, aux nombreux pays détruits, aux nombreuses dictatures avec des “gants blancs” qui ont détruit des pays. Et cela à cause de la communication calomnieuse qui répand cette destruction».

 

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana