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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
AU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL DE DAVOS


 

Au professeur Klaus Schwab président du Forum économique mondial

Tandis que le Forum économique mondial célèbre son cinquantième anniversaire, j’adresse mes salutations et mes meilleurs vœux dans la prière à tous ceux qui participent à la réunion de cette année. Je vous remercie pour votre invitation à participer et j’ai demandé au cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour la promotion du développement humain intégral, d’être présent en tant que représentant du Saint-Siège.

Au cours des dernières années, le Forum économique mondial a offert l’occasion à divers intervenants de s’engager à explorer des façons innovatrices et efficientes d’édifier un monde meilleur. Il a également offert un contexte dans lequel la volonté politique et la coopération réciproque peuvent être guidées et renforcées pour surmonter l’isolationnisme, l’individualisme et le colonialisme idéologique qui caractérisent malheureusement trop de débats actuels.

A la lumière des défis croissants et interdépendants qui touchent notre monde (cf. Laudato si’, n. 138), le thème que vous avez choisi d’étudier cette année — «Acteurs d’un monde plus cohérent et plus durable» — souligne la nécessité d’un engagement accru à tous les niveaux, afin d’affronter de façon plus efficace les diverses questions auxquelles l’humanité est confrontée. Au cours des cinq dernières décennies, nous avons assisté à des transformations géopolitiques et à des changements significatifs, de l’économie au marché du travail à la technologie numérique et l’environnement. Un grand nombre de ces développements ont été bénéfiques pour l’humanité, tandis que d’autres ont eu des effets négatifs et ont créé des lacunes importantes en matière de développement. Si les défis d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux d’il y a un demi-siècle, certaines caractéristiques demeurent pertinentes au début de cette nouvelle décennie.

La considération primordiale, que nous ne devons jamais oublier, est que nous sommes tous membres de l’unique famille humaine. L’obligation morale à prendre soin les uns des autres découle de ce fait, de même que le principe correspondant qui consiste à placer la personne humaine, plutôt que la recherche du pouvoir ou du profit, au centre même des politiques. De plus, ce devoir revient aussi bien au monde des affaires qu’aux gouvernements, et il est indispensable dans la recherche de solutions équitables aux défis qui se présentent à nous. Par conséquent, il est nécessaire de dépasser les approches technologiques ou économiques à court-terme et de tenir pleinement compte de la dimension éthique dans la recherche de solutions aux problèmes actuels ou dans la proposition d’initiatives pour l’avenir.

Trop souvent, des visions matérialistes ou utilitaristes, parfois cachées, parfois proclamées, conduisent à des pratiques et des structures motivées dans une large mesure, ou même uniquement, par l’intérêt personnel. Cette attitude considère généralement les autres comme un moyen de parvenir à une fin et entraîne un manque de solidarité et de charité, qui donne lieu à une réelle injustice, alors qu’un développement humain véritablement intégral ne peut s’épanouir que si tous les membres de la famille humaine sont inclus dans la poursuite du bien commun et y contribuent. Dans la recherche d’un véritable progrès, n’oublions pas que piétiner la dignité d’une autre personne signifie en réalité affaiblir sa propre valeur.

Dans ma lettre encyclique Laudato si’, j’ai attiré l’attention sur l’importance d’une «écologie intégrale» qui tienne compte des pleines implications de la complexité et de l’interdépendance de notre maison commune. Une telle approche éthique renouvelée et intégrée exige un «humanisme qui fait appel aux différents savoirs, y compris à la science économique, pour un regard plus intégral et plus intégrant» (ibid., n. 141).

Tout en reconnaissant les résultats des cinquante dernières années, je forme le souhait que les participants au Forum de cette année, ainsi que ceux qui se tiendront à l’avenir, garderont à l’esprit la haute responsabilité morale que chacun d’entre nous a de rechercher le développement intégral de tous nos frères et sœurs, y compris ceux des générations futures. Puissent vos débats conduire à une croissance de la solidarité, en particulier à l’égard des personnes le plus dans le besoin, qui font l’expérience de l’injustice économique et sociale et celles dont l’existence même est menacée.

A tous les participants au Forum, je renouvelle mes meilleurs vœux dans la prière en vue d’une réunion fructueuse et j’invoque sur vous tous les bénédictions divines de sagesse.

Du Vatican, le 15 janvier 2020

FRANÇOIS

 



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