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  JEAN-PAUL II  

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 5 janvier 2000

 

 

Lecture: Lc 1, 26-28

1. Quelques jours après l'ouverture du grand Jubilé, je suis heureux de commencer aujourd'hui la première Audience générale de l'An 2000, en présentant à tous mes meilleurs voeux pour l'Année jubilaire:  que celle-ci constitue véritablement un "temps fort" de grâce, de réconciliation et de renouveau intérieur.

L'an dernier, la dernière année consacrée à la préparation immédiate au Jubilé, nous avons approfondi ensemble le mystère du Père. Aujourd'hui, en conclusion de ce cycle de réflexions et presque en introduction particulière aux catéchèses de l'Année Sainte, nous voulons nous arrêter une fois de plus avec amour sur la personne de Marie.

"Fille de prédilection du Père" ( Lumen gentium, n. 53), en Elle s'est manifesté le dessein divin d'amour pour l'humanité. La destinant à devenir la mère de son Fils, le Père l'a choisie parmi toutes les créatures et l'a élevée à la plus haute dignité et mission au service de son peuple.

Ce dessein du Père commence à se manifester  dans  le  "Proto-évangile", lorsque, à la suite de la chute d'Adam et d'Eve, Dieu annonce qu'il mettra une hostilité entre le serpent et la femme:  ce sera le fils de la femme qui écrasera la tête du serpent (cf. Gn 3, 15).

La promesse commence à se réaliser dans l'Annonciation, lorsque Marie reçoit la proposition de devenir la Mère du Sauveur.

2. "Réjouis-toi, pleine de grâce" (Lc 1, 28). La première parole que le Père adresse à Marie, à travers son ange, est une formule de salut qui peut être entendue comme une invitation à la joie, invitation qui fait écho à celle adressée à tout le peuple d'Israël par le prophète Zacharie:  "Exulte avec force, fille de Sion! Voici que ton roi vient à toi" (Za 9, 9; cf. également So 3, 14-18). A travers cette première parole adressée à Marie, le Père révèle son intention de communiquer la joie, celle qui est véritable et définitive, à l'humanité. La joie propre au Père, qui consiste à avoir son Fils auprès de lui, est offerte à tous, mais elle est confiée avant tout à Marie, afin qu'à partir d'elle, elle se diffuse dans la communauté des hommes.

3. Pour Marie, l'invitation à la joie est liée au don particulier qu'elle avait reçu du Père:  "Pleine de grâce". L'expression grecque est souvent traduite, non sans raison, par "pleine de grâce":  il s'agit en effet d'une abondance qui atteint son degré maximum.

Nous pouvons noter que l'expression résonne comme si elle constituait le nom même de Marie, le "nom" qui lui a été donné par le Père dès l'origine de son existence. En effet, depuis la conception, son âme est comblée de toutes les bénédictions, qui lui ouvriront un chemin d'éminente sainteté, tout au long de son existence terrestre. Sur le visage de Marie, on aperçoit le reflet du visage mystérieux du Père. La tendresse infinie de Dieu-Amour se révèle dans les traits maternels de la Mère de Jésus.

4. Marie est la seule mère qui peut dire, en parlant de Jésus, "mon fils", comme le dit le Père:  "Tu es mon Fils" (Mc 1, 11). Pour sa part, Jésus dit au Père:  "Abba", "Papa" (cf. Mc 14, 36), tandis qu'il dit "Maman" à Marie, exprimant dans ce nom toute son affection filiale.

Au cours de sa vie publique, lorsqu'il laisse sa mère à Nazareth, en la rencontrant, il l'appelle "femme", pour souligner que désormais il prend des ordres uniquement du Père, mais également pour déclarer qu'elle n'est pas simplement une mère biologique, mais qu'elle a une mission à accomplir en tant que "Fille de Sion" et mère du peuple de la nouvelle Alliance. En tant que telle, Marie demeure toujours orientée vers la pleine adhésion à la volonté du Père.

Ce n'était pas le cas de toute la famille de Jésus. Le quatrième Evangile nous révèle que ses parents "ne croyaient pas en lui" (Jn 7, 5) et Marc rapporte qu'ils "partirent pour se saisir de lui, car ils disaient: "il a perdu le sens"" (Mc 3, 21). On peut dire que les dispositions intimes de Marie étaient totalement diverses. C'est ce dont nous assure l'Evangile de Luc, dans lequel Marie se présente comme "l'humble servante du Seigneur" (Lc 1, 38). C'est à cette  lumière  que doit  être  lue  la réponse donnée par Jésus lorsqu'on "l'informa: "ta mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voir"" (Lc 8, 20; cf. Mt 12, 46-47; Mc 3, 32); Jésus répondit:  "Ma Mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique" (Lc 8, 21). En effet, Marie est un modèle d'écoute de la Parole de Dieu (cf. Lc 2, 19.51) et de docilité à son égard.

5. La Vierge a conservé et renouvelé avec persévérance la totale disponibilité qu'elle avait exprimée dans l'Annonciation. L'immense privilège et la suprême mission d'être la Mère du Fils de Dieu, n'ont pas changé son attitude d'humble soumission au dessein du Père. Parmi les autres aspects de ce plan divin, Elle a pris l'engagement éducatif impliqué dans sa maternité. La mère n'est pas seulement celle qui enfante mais également celle qui s'engage activement dans la formation et le développement de la personnalité de son fils. Le comportement de Marie a certainement suscité une influence sur la conduite de Jésus. On peut penser, par exemple, que le geste du lavement des pieds (cf. Jn 13, 4-5), laissé aux disciples comme modèle à suivre (cf. Jn 13, 14-15), reflète ce que Jésus lui-même avait observé depuis son enfance dans le comportement de Marie, lorsqu'Elle lavait les pieds des hôtes, dans un esprit d'humble service.

Selon le témoignage de l'Evangile, au cours de la période passée à Nazareth, Jésus était "soumis" à Marie et Joseph (cf. Lc 2, 51). Il reçut ainsi une véritable éducation de Marie qui forma son humanité. D'autre part, Marie se laissait influencer et former par son fils. Dans la manifestation progressive de Jésus, elle a découvert toujours plus profondément le Père et lui a fait l'hommage de tout l'amour de son coeur filial. Son devoir consiste désormais à aider l'Eglise à marcher comme elle sur les traces du Christ.



* * *



De France:
Groupe de pèlerins de Toulon.
De Belgique: Groupe de professeurs du petit Séminaire de Saint-Roch.

Salut en langue française

Au début de la nouvelle année, j'adresse à tous mes voeux les plus cordiaux. Au début de l'Année Sainte, il convient de contempler la Vierge Marie. Le dessein d'amour de Dieu pour l'humanité s'est manifesté de manière toute spéciale en elle, la "Fille de prédilection du Père". L'annonce faite à Marie commence par une invitation à la joie:  "Réjouis-toi, pleine de grâce" (Lc 1, 28). C'est la joie propre au Père, joie qu'il veut communiquer et il confie à Marie de la donner au monde. L'infinie tendresse de Dieu, qui est amour, se manifeste à travers la Mère de Jésus.

Tout au long de sa vie publique, Jésus appellera sa Mère "Femme", pour signifier qu'elle devient la Mère du peuple de la Nouvelle Alliance, modèle d'écoute de la Parole de Dieu, toujours docile à la volonté du Père. Tout en assumant son rôle éducatif de mère, dont le comportement a certainement eu une influence sur Jésus, Marie se laissera aussi former par son Fils et découvrira toujours plus profondément le Père. Aujourd'hui, Marie aide l'Eglise à marcher sur les traces du Christ.

Je salue très cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le groupe du petit Séminaire de Saint-Roch, en Belgique. Je souhaite que l'événement du grand Jubilé soit pour chacun source de renouvellement spirituel. A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.

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