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JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 mai 2000

 

Lecture:  Mt 28, 16-20

1. L'itinéraire de la vie du Christ n'a pas comme fin l'obscurité de la tombe, mais le ciel lumineux de la résurrection. La foi chrétienne est fondée sur ce mystère (cf. 1 Co 15, 1-20), comme nous le rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique:  "La résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ, crue et vécue comme vérité centrale par la première communauté chrétienne, transmise comme fondamentale par la Tradition, établie par les documents du Nouveau Testament, prêchée comme partie essentielle du mystère pascal en même temps que la Croix" (CEC, n. 638).

Un auteur mystique espagnol du XVI siècle affirmait:  "En Dieu, plus on navigue plus on découvre de nouvelles mers" (Fray Luis de Léon). Au long de l'immensité du mystère nous entendons à présent naviguer vers la lumière de la présence trinitaire dans les événements de Pâques. Il s'agit d'une présence qui s'amplifie au cours des cinquante jours qui suivent Pâques.

2. A la différence des écrits apocryphes, les Evangiles canoniques ne présentent pas l'événement de la résurrection en soi, mais plutôt la présence nouvelle et différente du Christ Ressuscité parmi ses disciples. La première scène sur laquelle nous voulons nous arrêter souligne précisément cette nouveauté. Il s'agit de l'apparition qui a lieu dans la ville de Jérusalem encore plongée dans la faible lumière de l'aube:  une femme, Marie de Magdala, et un homme se rencontrent à l'intérieur du périmètre d'un cimetière. Dans un premier temps, la femme ne reconnaît pas l'homme qui s'est approché d'elle:  et pourtant  il  s'agit  de  ce  Jésus  de  Nazareth qu'elle a écouté et qui a transformé sa vie. Pour le reconnaître il y a besoin d'une autre voie de connaissance, différente de celle de la raison et des sens. C'est la voie de la foi qui s'ouvre lorsqu'elle entend qu'on l'appelle par son nom (cf. Jn 20, 11-18).

Au cours de cette scène, fixons notre attention, sur les paroles du Ressuscité. Il déclare:  "Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu" (Jn 20, 17). Le Père céleste apparaît donc, et le Christ, en utilisant à son égard l'expression "mon Père", souligne un lien spécial et unique, différent de celui qui existe entre le Père et les disciples:  "votre Père". Dans l'Evangile de Matthieu Jésus appelle dix-sept fois Dieu "mon Père". Le quatrième évangéliste utilise deux termes grecs différents, l'un - hyiós - pour indiquer la pleine et parfaite filiation divine du Christ, l'autre - tékna - qui se réfère au fait que nous sommes fils de Dieu de façon réelle mais dérivée.

3. La seconde scène nous conduit de Jérusalem vers la région septentrionale de la Galilée, sur un mont. Sur celui-ci s'accomplit une autre christophanie, dans laquelle le Ressuscité se révèle aux Apôtres (cf. Mt 28, 16-20). Il s'agit d'un événement solennel de révélation, de reconnaissance et de mission. Dans la plénitude de ses pouvoirs salvifiques il confère à l'Eglise le mandat d'annoncer l'Evangile, de baptiser et d'enseigner à vivre selon ses commandements. Et c'est la Trinité qui apparaît dans ces paroles essentielles qui retentissent également dans la formule du baptême chrétien, tels que l'Eglise l'administrera:  "Baptisez (toutes les nations) au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28, 19).

Un antique auteur chrétien, Théodore de Mopsuestia (IV-V siècle) commente:  "L'expression au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit indique qui donne les biens du baptême:  la nouvelle naissance, le renouvellement, l'immortalité, l'incorruptibilité, l'impassibilité, l'immutabilité, la libération de la mort, de l'esclavage et de tous les maux, la jouissance de la liberté et la participation aux biens futurs et sublimes. Voilà pourquoi l'on est baptisés! On invoque donc le Père, le Fils et l'Esprit-Saint pour que tu connaisse la source des biens du baptême" (Homélie II Sur le Baptême, 17).

4. Nous parvenons ainsi à la troisième scène que nous voulons évoquer. Elle nous ramène dans le passé, lors-que Jésus marchait encore sur les routes de la Terre Sainte, en parlant et en agissant. Au cours de la solennité hébraïque des Tentes, il proclame:  "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi. Selon le mot de l'Ecriture:  De son sein couleront des fleuves d'eau vive" (Jn 7, 38). L'évangéliste Jean interprète ces paroles précisément à la lumière de la Pâque de gloire et du don de l'Esprit Saint:  "Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié" (Jn 7, 39).

La glorification de la Pâque viendra et avec elle également le don de l'Esprit lors de la Pentecôte, que Jésus anticipera pour ses Apôtres le soir même du jour de la résurrection. Apparaissant au Cénacle, il soufflera sur eux et dira:  "Recevez l'Esprit Saint" (Jn 20, 22).

5. Le Père et l'Esprit sont donc unis au  Fils  à  l'heure  suprême  de  la  rédemption. C'est ce que Paul affirme dans une page particulièrement lumineuse de la Lettre aux Romains, où il évoque la Trinité précisément en liaison avec la résurrection du Christ et la nôtre à tous:  "Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous" (Rm 8, 11).

La condition afin que se réalise cette promesse est indiquée par l'Apôtre dans la même Lettre:  "En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton coeur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé" (Rm 10, 9). A la nature trinitaire de l'événement pascal correspond l'aspect trinitaire de la profession de foi. En effet, "nul ne peut dire "Jésus est Seigneur", s'il n'est avec l'Esprit Saint" (1 Co 12, 3) et celui qui le dit, le dit "pour la gloire de Dieu le Père" (Ph 2, 11).

Accueillons donc la foi pascale et la joie qui en résulte, en faisant notre un chant de l'Eglise d'Orient, pour la veillée pascale:  "Toutes les choses sont illuminées par ta résurrection, ô Seigneur, et le paradis est rouvert. Toute la création te bénit et chaque jour t'offre un hymne. Je glorifie la puissance du Père et du Fils, j'élève un hymne à l'autorité de l'Esprit Saint. Divinité indivise, incréée, Trinité consubstantielle qui règne dans les siècles des siècles" (Canon pascal de saint Jean Damascène, Samedi Saint, troisième ton).

                                                                   * * * 

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'audience générale du 10 mai 2000, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De différents pays:  Groupe "Aide à l'Eglise en détresse".

De France:  Pèlerins des diocèses d'Autun et de Belley-Ars; Lycée "Maison française", à la Chesnoye; Lycée agricole, de Saint-Geniez d'Olt; Collège Saint-François d'Assise", de Montigny-le-Bretonneux; Collège de la Maîtrise, de Saint-Claude; groupe Notre-Dame de Salut; Fraternité franciscaine, de Cest; Famille du Coeur de Jésus; groupes de pèlerins de Seyssel; de Nice; de Paris; la Confrérie de Notre-Dame de la Miséricorde, d'Ajaccio.

De Belgique:  Groupe de pèlerins.

 

Chers Frères et Sœurs,

La résurrection du Christ est la vérité essentielle de notre foi, crue et vécue par la première communauté chrétienne et transmise par la Tradition. La Trinité, présente dans le mystère pascal, va se manifester pendant les cinquante jours qui la suivront.

Dans les récits des apparitions du Christ ressuscité que rapportent les Evangiles, on insiste moins sur l’événement de la résurrection que sur la présence nouvelle du Christ au milieu de ses disciples. Si Marie-Madeleine veut reconnaître le Christ, il lui faut, pour croire, dépasser la raison et les sens. Jésus rappelle alors le lien unique et spécial qu’il a avec le Père céleste. En Galilée, sur la montagne, Jésus ressuscité donne mission à ses disciples d’aller baptiser et enseigner; la Sainte Trinité est présente dans la formule que l’Eglise utilise encore aujourd’hui: «Baptisez toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit». Enfin, lorsqu’il apparaît au Cénacle, Jésus, anticipant le jour de la Pentecôte, fait à ses disciples le don de l’Esprit Saint.

A la nature trinitaire de l’événement pascal correspond l’aspect trinitaire de notre profession de foi. Saint Paul nous rappelle en effet qu’on ne peut dire «Jésus est Seigneur» que sous l’action de l’Esprit Saint, et que celui qui le proclame le fait «pour la gloire de Dieu le Père» (Ph 2,11). Que notre foi pascale soit un hymne plein de joie à la Sainte Trinité !

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier le groupe "Aide à l'Eglise en détresse", les pèlerins des diocèses d'Angoulême, d'Autun, de Belley-Ars, ainsi que les jeunes. Je leur souhaite de vivre ce temps de Pâques dans la joie d'une foi vivante et rayonnante. De grand coeur, je leur accorde à tous la Bénédiction apostolique.

 

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