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JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 juin 2000

 

Lecture:  Gn 1, 26-28

1. En cette année jubilaire, notre catéchèse marque une halte sur le thème de la glorification de la Trinité. Après avoir contemplé la gloire des trois personnes divines dans la création, dans l'histoire, dans le mystère du Christ, notre regard se tourne à présent vers l'homme pour y saisir les rayons lumineux de l'action de Dieu.

"Il tient en son pouvoir l'âme de tout vivant et le souffle de toute chair d'homme" ( Jb 12, 10). Cette déclaration suggestive de Job révèle le lien radical qui unit les êtres humains au "Maître ami de la vie" ( Sg 11, 26). La créature rationnelle porte inscrite en elle une relation intime avec le Créateur, un lien profond constitué tout d'abord par le don de la vie. Un don qui est accordé par la Trinité elle-même et qui comporte deux dimensions principales, comme nous chercherons à présent à l'illustrer, à la lumière de la Parole de Dieu.

2. La première dimension fondamentale de la vie qui nous est donnée est celle physique et historique, cette "âme" (nefesh) et cet "esprit" (ruah) auxquels Job faisait référence. Le Père entre en scène en tant que source de ce don aux débuts mêmes de la création lorsqu'il proclame avec solennité:  "Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance... Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa" (Gn 1, 26-27). Avec le Catéchisme de l'Eglise catholique, nous pouvons tirer cette conclusion:  "L'image divine est présente en chaque homme. Elle resplendit dans la communion des personnes, à la ressemblance de l'union des personnes divines entre elles" (CEC, n. 1702). Dans la même communion d'amour et dans la capacité d'engendrer du couple humain se trouve un reflet du Créateur. L'homme et la femme poursuivent dans le mariage l'oeuvre créatrice de Dieu, ils participent à sa paternité suprême, dans le mystère que Paul nous invite à contempler lorsqu'il s'exclame:  "Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous" (Ep 4, 6).

La présence efficace de Dieu, que le chrétien invoque comme Père, se révèle déjà au début de la vie de chaque homme, pour ensuite s'étendre sur tous ses jours. C'est ce qu'atteste une strophe d'une beauté extraordinaire du Psaume 139, qui peut être rendue ainsi, dans la forme la plus proche de l'original:  "C'est toi qui m'as formé les reins, qui m'a tissé au ventre de ma mère... Mes os n'étaient point cachés de toi, quand je fus façonné dans le secret, brodé au profond de la terre. Mon embryon (gomí), tes yeux le voyaient; sur ton livre, ils sont tous inscrits les jours qui ont été fixés, et chacun d'eux y figure" (vv. 13. 15-16).

3. Le Fils est également présent aux côtés du Père lorsque nous nous présentons à l'existence, lui qui a assumé notre même chair (cf. Jn 1, 14) au point de pouvoir être touché par nos mains et être entendu par nos oreilles, vu et contemplé par nos yeux (cf. 1 Jn 1, 1). En effet, Paul nous rappelle qu'"il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes" (1 Co 8, 6). Ensuite, chaque créature vivante est également confiée au souffle de l'Esprit de Dieu, comme le chante le Psalmiste:  "Tu envoies ton souffle, ils sont créés" (Ps 104, 30). A la lumière du Nouveau Testament il est possible de lire dans ces paroles une anticipation de la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité. A la source de notre vie il y a donc une intervention trinitaire d'amour et de bénédiction.

4. Comme je l'ai indiqué, il existe une autre dimension dans la vie qui est offerte à la créature humaine. Nous pouvons l'exprimer à travers trois catégories théologique néo-testamentaires. Il y a tout d'abord la zoé aiônios, c'est-à-dire "la vie éternelle", célébrée par Jean (cf. 3, 15-16; 17, 2-3) et qui doit être comprise comme participation à la "vie divine". Il y a ensuite la kainé ktisis paulinienne, la "nouvelle créature" (cf. 2 Co 5, 17; Ga 6, 15), produite par l'Esprit qui fait irruption dans la condition de créature humaine en la transfigurant et en lui attribuant une "vie nouvelle" (cf. Rm 6, 4; Col 3, 9-10; Ep 4, 22-24). C'est la vie pascale:  "De même que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ" (1 Co 15, 22). Il y a, enfin, la vie de fils de Dieu, l'hyiothesía (cf. Rm 8, 15; Gal 4, 5), qui exprime notre communion d'amour avec le Père, à la suite du Christ dans la force de l'Esprit Saint:  "Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père! Aussi n'es-tu plus esclave mais fils; fils, et donc héritier de Dieu" (Ga 4, 6-7).

5. Cette vie transcendante, infusée en nous par la grâce nous ouvre à l'avenir, au-delà du caractère caduc de notre condition de créatures. C'est ce que Paul affirme dans l'Epître aux Romains, en se référant encore une fois à la Trinité comme source de cette vie pascale:  "Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous" (8, 11).

"La vie éternelle est donc la vie même de Dieu ainsi que la vie des fils de Dieu. Le croyant ne peut manquer d'être saisi d'un émerveillement toujours renouvelé et d'une reconnaissance sans limites face à cette vérité surprenante et ineffable qui nous vient de dieu dans le Christ (cf. 1 Jn 3, 1-2)... C'est ainsi que la vérité chrétienne sur la vie parvient à sa plénitude. La dignité de la vie n'est pas seulement liée à ses origines, au fait qu'elle vient de Dieu, mais aussi à sa fin, à sa destinée qui est d'être en communion avec Dieu pour le connaître et l'aimer. C'est à la lumière de cette vérité que saint Irénée précise et complète son exaltation de l'homme:  la "gloire de Dieu" est bien "l'homme vivant", mais "la vie de l'homme est la vision de Dieu"" (Evangelium vitae, n. 38; cf. Irénée, Adversus haereses IV, 20, 7).

Nous concluons notre réflexion par la prière d'un sage de l'Ancien Testament au Dieu vivant et ami de la vie:  "Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n'as de dégoût pour rien de ce que tu as fait; car si tu avais haï quelque chose, tu ne l'aurais pas formé. Et comment une chose aurait-elle subsisté, si tu ne l'avais voulue? Ou comment ce que tu n'aurais pas appelé aurait-il été conservé? Mais tu épargnes tout, parce que tout est à toi, Maître ami de la vie! Car ton esprit incorruptible est en toutes choses" (Sg 11,24-12,1).

* * *

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 7 juin 2000, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De France: Groupe de pèlerins du diocèse d'Autun; groupe de Bagnères de Bigorre; de Saint-Martin-Laguepie; de Paris, de Béziers.

De Monaco: Groupe "Padre Pio".

De Suisse: Collège de Bois-Caran, Collonge Bellerive.

Du Canada: Groupe de pèlerins.

De Nouvelle-Calédonie:  Groupe de pèlerins de Nouméa.


Chers frères et soeurs,

Notre regard se porte aujourd'hui sur la gloire de la Trinité qui se manifeste dans l'homme. Parce que l'homme a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, un lien profond est établi entre lui et son Créateur. A la source de notre vie, il y a une intervention trinitaire d'amour et de bénédiction.
La dignité de la vie humaine est liée non seulement à ses origines, mais aussi à sa fin, à sa destinée de communion avec Dieu, dans la connaissance et dans l'amour. C'est ce qu'exprimait saint Irénée en affirmant que "la gloire de Dieu" est bien "l'homme vivant", mais que "la vie de l'homme est la vision de Dieu" (cf. Adversus haereses, IV, 20, 7).

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins venus de Nouvelle-Calédonie et du Canada. Que votre pèlerinage jubilaire vous permette de rendre toujours plus vivante votre foi dans le Christ et d'accueillir généreusement les dons de son Esprit! A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.

 

 

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