Index   Back Top Print

[ DE  - EN  - ES  - FR  - IT  - PT ]

JEAN PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE  

Mercredi 3 avril 2002

La gloire du Seigneur dans le droit et la justice

 

Lecture:  Ps 96, 1-2.5-6.11-12

1. La lumière, la joie et la paix, qui au cours du temps pascal inondent la communauté des disciples du Christ et se diffusent dans toute la création, imprègnent notre rencontre, qui a lieu dans le climat intense de l'Octave de Pâques. C'est le triomphe du Christ sur le mal et sur la mort que nous célébrons au cours de ces journées. Par sa mort et sa résurrection, le royaume de justice et d'amour voulu par Dieu est définitivement instauré.

C'est précisément au thème du Royaume de Dieu que se réfère la catéchèse d'aujourd'hui, consacrée à la réflexion sur le Psaume 96. Le Psaume s'ouvre par la proclamation solennelle:  "Yahvé règne! Exulte la terre, que jubilent les îles nombreuses" et cette célébration du Roi divin, Seigneur de l'univers et de l'histoire, fait la singularité de ce Psaume. Nous pourrions donc dire que nous nous trouvons en présence d'un Psaume "pascal".

Nous connaissons l'importance de l'annonce du Royaume de Dieu dans la prédication de Jésus. Ce n'est pas seulement la reconnaissance de la dépendance de l'être créé à l'égard de son Créateur; c'est également la conviction qu'au sein de l'histoire existent un projet, un dessein, une trame d'harmonies et de biens voulus par Dieu. Tout cela s'est pleinement réalisé dans la Pâque de la mort et de la résurrection de Jésus.


2. Parcourons à présent le texte du Psaume que la Liturgie nous propose dans la célébration des Laudes. Immédiatement après l'acclamation au Seigneur roi, qui retentit comme le son d'une trompette, une grandiose épiphanie divine s'ouvre devant l'orant. En ayant recours à des citations ou des allusions à d'autres passages des Psaumes ou des prophètes, en particulier Isaïe, le Psalmiste décrit l'irruption sur la scène du monde du Grand Roi, qui apparaît entouré d'une série de ministres ou d'intendants cosmiques:  les nuages, les ténèbres, le feu, les éclairs.

A côté d'eux, une autre série de ministres personnifie son action historique:  la justice, le droit, la gloire. Leur entrée sur scène fait trembler toute la création. La terre exulte en tous lieux, y compris les îles, considérées comme l'endroit le plus reculé (cf. Ps 96, 1). Le monde entier est illuminé par des éclairs et secoué par un tremblement de terre (cf. v. 4). Les montagnes, qui incarnent les réalités les plus anciennes et les plus solides selon la cosmologie biblique, fondent comme de la cire (cf. v. 5), tel que le chantait déjà le prophète Michée:  "Car voici Yahvé qui sort de son lieu saint.... les montagnes fondent sous ses pas, les vallées s'effondrent, comme la cire devant le feu" (Mi 1, 3-4). Les cieux retentissent d'hymnes angéliques qui exaltent la justice, c'est-à-dire l'oeuvre de salut accomplie par le Seigneur pour les justes. Enfin, l'humanité tout entière contemple la révélation de la gloire divine, c'est-à-dire de la réalité mystérieuse de Dieu (cf. Ps 96, 6), alors que les "ennemis", c'est-à-dire les iniques et les injustes, cèdent face à la force irrésistible du jugement du Seigneur (cf. v. 3).


3. Après la théophanie du Seigneur de l'univers, le Psaume décrit deux types de réactions face au Grand Roi et à son entrée dans l'histoire. D'une part, les idôlatres et les idoles tombent à terre confus et vaincus; d'autre part, les fidèles rassemblés à Sion pour la célébration liturgique en l'honneur du Seigneur, élèvent joyeusement une hymne de louange. La scène des "servants des idoles" (cf. vv. 7-9) est essentielle:  les idoles se prosternent devant l'unique Dieu et leurs fidèles se couvrent de honte. Les justes assistent avec joie au jugement divin qui élimine le mensonge et la fausse religiosité, sources de misère morale et d'esclavage. Ils entonnent une profession de foi lumineuse:  "Car toi, tu es Yahvé, Très-Haut sur toute la terre, surpassant de beaucoup tous les dieux" (v. 9).


4. A la scène qui décrit la victoire sur les idoles et sur leurs adorateurs, s'oppose celle que nous pourrions appeler la splendide journée des fidèles (cf. vv. 10-12). En effet, on parle d'une lumière qui apparaît pour le juste (cf. v. 11):  c'est comme si se levait une aurore de joie, de fête, d'espérance, car - comme on le sait - la lumière est aussi un symbole de Dieu (cf. 1 Jn 1, 5).
Le prophète Malachie déclarait:  "Mais pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, avec la guérison dans ses rayons" (Ml 3, 20). On associe le bonheur à la lumière:  "Pour l'homme au coeur droit, la joie. Justes jubilez en Yahvé, louez sa mémoire de sainteté" (Ps 96, 11-12).

Le Royaume de Dieu est source de paix et de sérénité, et il efface l'empire des ténèbres. Une communauté juive contemporaine de l'époque de Jésus chantait:  "L'impiété recule devant la justice, comme les ténèbres reculent devant la lumière; l'impiété s'évanouira pour toujours et la justice, comme le soleil, se révèlera le principe de l'ordre du monde" (Livre des mystères de Qumrln:  1 Q 27, I, 5-7).


5. Avant de quitter le Psaume 96, il est important de retrouver en celui-ci, outre le visage du Seigneur roi, également celui du fidèle. Celui-ci est décrit par sept caractéristiques, signe de perfection et de plénitude. Ceux qui attendent la venue du Grand Roi divin haïssent le mal, aiment le Seigneur, sont des hasîdîm, c'est-à-dire des fidèles (cf. v. 10), ils marchent sur la voie de la justice, ont le coeur droit (cf. v. 11), se réjouissent devant les oeuvres de Dieu et rendent grâce au saint nom du Seigneur (cf. v. 12). Demandons au Seigneur que ces traits spirituels brillent également sur nos visages.

                                                                             * * *


Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 3 avril 2002, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De France:  Communauté de l'Emmanuel et de la Fraternité de Jésus; paroisse Notre-Dame de l'Assomption, de Six-Fours-Les-Plages; groupe de pèlerins des diocèses de Cambrai, d'Evreux, de Reims; collège Saint-Raphaël, de Fréjus-Toulon; collège Sainte-Marie, de Belfort; collège du Puy-Chabot, de Le-Poire-sur-Vie; Groupe de jeunes d'Orléans et de Reims.

De Suisse:  Paroisse Saint-Joseph, de Couvet; paroisse Sainte-Thérèse, de Genève.

De Belgique:  Institut Sainte-Marie, de Neerpelt; collège Saint-Julien, d'Ath.

Chers Frères et Sœurs,

En ce temps de Pâques, la lumière, la joie et la paix du Ressuscité inondent la communauté de ses disciples. En triomphant du mal et de la mort, le Christ a pleinement réalisé le projet du Père. Son règne de justice et d’amour est définitivement advenu. Le Psaume que nous avons entendu célèbre cette royauté universelle du Seigneur de la création. L’univers tout entier chante l’œuvre salvifique du Roi de l’univers, qui manifeste sa gloire dans le droit et la justice. Lui seul est digne d’être adoré, pour la confusion des serviteurs de faux dieux, qui enferment l’homme dans la misère morale et dans l’esclavage du péché. Parce qu’ils rejettent le mal et qu’ils aiment le Seigneur, les fidèles peuvent accueillir sa lumière, pour cheminer à leur tour dans la voie de la justice, se réjouissant de ses œuvres et rendant grâce au saint nom de Dieu.

J’accueille cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes de Reims et d’Orléans. Que la lumière du Christ ressuscité, vainqueur du mal et de la mort, remplisse le cœur des croyants d’une joie profonde, source de confiance renouvelée et de dynamisme missionnaire ! A tous, j’accorde volontiers la Bénédiction apostolique.

  



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana