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VOYAGE APOSTOLIQUE EN SUISSE
(11-17 JUIN 1984)

CONC

ÉL ÉBRATION EUCHARISTIQUE AVEC ORDINATION SACERDOTALE

HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II

Aéroport de Sion
Dimanche, 17 juin 1984

 

Chers Frères et Sœurs,

1. “Sursum corda”: “Elevons notre cœur!”. Aujourd’hui le cœur de l’Eglise réagit avec une ferveur particulière à cette invitation qui introduit chaque prière eucharistique. Aujourd’hui nous répondons avec une intensité de foi toute spéciale: “Habemus ad Dominum”: “Nous le tournons vers le Seigneur!”.

Dans le cadre admirable de ces montagnes, mieux qu’ailleurs peut-être, élevons-nous comme Moïse vers le Dieu du ciel et de la terre. Contemplons dans la foi le Mystère de Dieu. C’est vers Lui-même que notre foi se tourne. Un mystère insondable. Dieu est Dieu, l’Etre au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir, plus grand que ce qui monte au cœur de l’homme. La révélation chrétienne lève en partie le voile sur sa Vie intime, mais elle conduit notre foi au seuil d’un mystère plus profond encore: l’unité de la Trinité. Celui qui est le Dieu unique est en même temps Père, Fils et Saint-Esprit. Chacune des personnes divines est incréée, immense, éternelle, toute-puissante, Seigneur; et cependant il n’y a qu’un Dieu incréé, immense, tout-puissant, Seigneur. “Le Père n’a été fait par personne, il n’est ni créé, ni engendré; le Fils vient du Père seul, il n’est ni fait, ni créé, ni engendré; l’Esprit Saint vient du Père et du Fils, il n’est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède d’eux”. Ainsi s’exprimait une très ancienne profession de foi (symbole dit de saint Athanase). Ce Dieu d’infinie Majesté qui se manifeste à Moïse et se tient dans la mystérieuse nuée, ce Dieu transcendant qui révèle son insondable vie, la tendresse de son infinité d’amour, il nous est permis de nous approcher de lui: nous l’adorons, prosternés devant lui. Le bonheur nous est donné, dans la foi, de contempler en lui la Trinité Sainte, avant la pleine vision de sa Gloire.

2. “Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ” (Eph. 1, 3). “Il a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique” (Io. 3, 16). Par son Fils, non seulement il a révélé son Nom, sa Gloire, comme en une Epiphanie de Dieu qui le manifeste de façon unique, mais il a montré envers nous sa tendresse, sa miséricorde, son amour, sa fidélité, bien au-delà de ce que Moïse pouvait entrevoir: “D’avance, il nous a destinés à devenir des fils par Jésus-Christ”, “à devenir son peuple” (Eph. 1, 5. 11). Notre adoration, notre chant de louange est en même temps une action de grâce pour ce “don gratuit dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé”. Car “le premier don fait aux croyants” est l’Esprit qui poursuit l’œuvre du Fils et “achève toute sanctification” (Prex eucharistica, IV), l’Esprit qui donne à l’Eglise l’unité du Corps, l’appelle à manifester aux hommes le salut, car par lui la présence de Dieu l’habite.

3. “Tu feras de nous un peuple qui t’appartienne” (Ex. 34, 9.). Toute l’Eglise est le peuple du Dieu vivant. Et dans son sein, notre assemblée liturgique a sa place. C’est ici l’Eglise qui est en Suisse, particulièrement l’Eglise qui est à Sion; elle se rassemble, héritière d’une longue histoire, depuis Saint Théodule. Patron du diocèse, au pied de cette colline de Valère dominée par l’antique cathédrale dédiée à Notre-Dame, au cœur de la vallée du Rhône. Au milieu de leur rude vie de montagnards, les Valaisans ont su garder vivante leur foi catholique et leurs traditions chrétiennes, en communion avec l’Evêque de Rome, Successeur de Pierre, qui est si heureux de visiter aujourd’hui la cathédrale actuelle, mais surtout cette maison spirituelle faite de pierres vivantes (1 Petr. 2, 5) qu’est l’Eglise à Sion. Et je salue avec elle l’Eglise qui se réunit autour de l’Abbaye Saint-Maurice, dans cette même vallée du Rhône, et qui est héritière de la foi professée jusqu’au martyre par saint Maurice et ses soldats de la légion thébaine. Comme saint Paul, je viens “pour vous affermir ou plutôt pour nous réconforter mutuellement par la foi qui nous est commune, à vous et à moi” (Rom. 1, 11-12). Ce qui nous lie, en fait, est bien plus profond et plus mystérieux qu’un rapport organique ou même un attachement affectueux: “L’Eglise universelle apparaît comme un "peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit"” (S. Cypriani, De Oratione Dominica, 23: PL 4, 553).

4. Dans le cadre de la liturgie eucharistique d’aujourd’hui, des fils de votre Eglise - de Sion ou d’autres diocèses ou instituts suisses - vont devenir prêtres “selon l’ordre de Melchisédech” (Ps. 109 (110), 4; Hebr. 5, 6; 7, 17), en recevant le sacrement de l’Ordre.

Melchisédech offrit au Très-Haut le pain et le vin. Sous le signe du pain et du vin, c’est Jésus-Christ qui s’offre au Père dans son sacrifice unique et définitif, rendu actuel et présent par le ministère des prêtres. Par eux, Jésus accomplit ce qu’il a fait durant le dernier repas. En offrant le pain, il dit: “Ceci est mon corps, livré pour vous . . . prenez et mangez”. En offrant le vin, il dit: “Ceci est la coupe de mon sang, versé pour vous et pour la multitude . . . prenez et buvez” (Luc. 22, 19-20).

C’est ainsi que Jésus-Christ parla aux Apôtres qui prenaient avec lui le dernier repas. Et il ajouta: “Vous ferez cela en mémoire de moi” (Ibid.).

Qui est donc Jésus-Christ? C’est le Fils éternel dans lequel le Père a aimé le monde. Il l’a donné “pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais qu’il obtienne la vie éternelle . . . pour que, par lui, le monde soit sauvé” (Io. 3, 16. 17). Oui, il est venu pour le salut du monde. Le sacrifice qu’offrit Jésus-Christ sur la Croix - le sacrifice qu’il institua durant le dernier repas - est pour le salut du monde. Dans ce sacrifice se manifeste l’amour du Père et l’amour du Fils. C’est la coupe de l’Alliance nouvelle et éternelle.

Ceux qui aujourd’hui reçoivent l’ordination sacerdotale deviennent les ministres du sacrifice accompli pour le salut du monde. Ils le rendent présent. Ils sont les ministres de l’Eucharistie: leur vie sacerdotale se développe à partir de ce centre. Tout le reste sera comme une préparation ou un écho de cet acte sacramentel. Jour après jour, présents à l’existence humaine, ils auront à introduire leurs frères dans la Rédemption accomplie par le Christ et célébrée dans l’Eucharistie.

5. Les prêtres sont en même temps les guides de leur prochain sur la voie du salut.

Ils se tiennent au milieu du peuple de Dieu et ils disent comme Moïse: “Seigneur, daigne marcher au milieu de nous” (Ex. 34, 9). De tout leur être sacerdotal, ils invoquent le Seigneur pour qu’il guide son troupeau comme un Pasteur. Ils sont eux-mêmes les serviteurs de Jésus-Christ, le Bon Pasteur.

Comme Moïse, ils gravissent la montagne pour recevoir de Dieu le témoignage de l’Alliance, et pour prendre dans leurs mains, en signe de cette Alliance, les tables des Commandements de Dieu. Selon ces commandements - selon toute la vérité de l’Evangile, la charte de la nouvelle Alliance -, ils éclairent les consciences et guident ceux parmi lesquels eux-mêmes ont été choisis (Hebr. 5, 1).

Ils sont maîtres de Vérité, en annonçant l’Evangile, en suscitant et en fortifiant la foi, en indiquant le chemin à suivre pour demeurer sur la voie du salut. Ils sont les gardiens de la rectitude des consciences. Et ainsi ils sont les serviteurs de ce Dieu qui proclamait devant Moïse: “Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité” (Ex. 34, 7). Ils sont les serviteurs de Jésus-Christ par lequel Dieu pardonne nos fautes et nos péchés, et fait de nous un peuple qui lui appartienne (Ibid. 34, 9).

Et par conséquent, ces prêtres de la nouvelle Alliance sont les ministres du sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation avec Dieu. Avec l’Eucharistie, ce ministère occupera une place capitale dans leur vie.

6. Autour de ces fonctions centrales se développent les autres aspects de leur vie sacerdotale que je ne fais qu’évoquer. Le prêtre participe à la charge de l’unique Médiateur qu’est le Christ. Mais il connaît sa faiblesse. Il n’opère rien par lui-même: il est fort de la force de Dieu, cela par une disposition permanente qui consacre son être même. Mais il doit chercher à y correspondre. Il doit rechercher la sainteté qui convient au ministre du Christ, avec l’Esprit Saint qui lui a été donné par l’imposition des mains: s’offrir tout entier avec lui, “vivre ce qu’il accomplit” (Prex ordinationis), transmettre ce qu’il a contemplé. Il doit être un homme de prière, tantôt dans la solitude, comme Moïse sur la montagne, tantôt comme animateur ou président de la prière de ses frères. Dans la plaine, il doit vivre proche des hommes, simplement, pauvrement, à leur service, comme le Christ venu pour servir; il tient compte de leurs préoccupations et de leur langage pour annoncer l’Evangile de Jésus-Christ - tout l’Evangile - de façon à pouvoir être entendu. Mais il doit en même temps initier au Mystère. Par sa façon de vivre, il doit apparaître comme l’homme lié à Jésus-Christ; par le célibat notamment, il devient le “signe vivant du monde à venir, déjà présent par la foi et la charité” (Presbyterorum Ordinis, 16). Il est “l’homme pour les autres”; il doit être témoin, prophète. Courageux, qu’il accepte d’être à son tour signe de contradiction, parfois le serviteur souffrant, mais toujours l’homme de la paix que le Christ est venu apporter sur terre.

7. All dies wird er tun als Mitarbeiter seines Bischofs, der seinerseits mit dem Nachfolger des Petrus in Einheit steht; indem der Priester diesen beiden gehorsam ist, lebt er in Gemeinschaft mit der ganzen Kirche. Sein Priestertum hat ja zur Grundlage dasjenige des Ortsbischofs, welcher der Vater des gesamten Presbyteriums ist. So kann der Priester zum Aufbau der Kirche in der Einheit beitragen. Er verfügt nicht willkürlich über die Gaben Gottes. Er ist nach dem hl. Paulus ”Verwalter von Geheimnissen Gottes. Von Verwaltern aber verlangt man, daß sie sich treu erweisen“ (1 Cor. 4, 1. 2.). Alles, was der Priester ist, hat seinen Seinsgrund ausschließlich in der Kirche, durch die Kirche, für die Kirche. Er muß darum die Kirche lieben, mit der Kirche fühlen und denken (”sentire cum Ecclesia“): nicht nur die Kirche der Vergangenheit noch die Kirche, die es noch gar nicht gibt, sondern die konkrete gegenwärtige Kirche, deren Runzeln und Flecken auch durch seine demütige Hilfe entfernt werden sollen. Diese Liebe macht den Priester für die Aufgaben bereit, die die Kirche von ihm für das Heil aller erwartet. Das pastorale Gespräch, um das er sich bemüht, kann es möglich machen, Konflikte und Spaltungen zu überwinden, wenn es wirklich Jesus Christus ist, den man dabei sucht, wenn er es ist, dem man dienen will.

8. Das Amtspriestertum ist eine so wichtige, so notwendige Aufgabe, daß wir alle für Berufungen Sorge tragen müssen. Die Diözese von Sitten hat das Jahr 1978 dazu bestimmt, das Bewußtsein aller Christen für dieses Thema zu schärfen. Ich hoffe, daß hieraus noch weitere Früchte erwachsen, hier bei euch wie auch in den anderen Schweizer Diözesen, in die diese Neupriester zurückkehren werden.

Natürlich ist das ganze Volk der Getauften aufgerufen, aktiv am Leben der christlichen Gemeinde und an der Bezeugung des Evangeliums in der Welt teilzunehmen. Die Sendung der Priester steht genau im Dienst dieser Teilnahme. Sie hat jedoch ihre besondere Natur und ist unersetzlich. Es gibt da weder Dualismus noch Konkurrenz, sondern nur eine notwendige gegenseitige Ergänzung in der Beachtung der jeweiligen eigenen Berufung, wobei die Bischöfe zu einem harmonischen Zusammenwirken anleiten müssen. Die kirchliche Gemeinschaft entspricht nur dann voll ihrer Sendung und Einsatzbereitschaft, wenn in ihr die Berufungen zum Priestertum aufkeimen und reifen können, ohne die auch sie selbst sich nicht entfalten kann. Berufung und Sendung - zum Amt oder Apostolat - kommen immer von Gott, von der Heiligsten Dreifaltigkeit.

9. ”Gepriesen seist du, Herr, du Gott unserer Väter, / gelobt und gerühmt in Ewigkeit“ (Dan. 3, 52).

Das Licht des Glaubens läßt uns heute mit Geist und Herz aufsteigen zum unergründlichen Geheimnis Gottes, zu seiner unfaßbaren dreifaltigen Einheit. Aus dem Schoß dieser Heiligsten Dreifaltigkeit ist der Sohn Gottes zur Menschheit gekommen: Das ewige Wort des Vaters ist Mensch geworden, Sohn der Jungfrau Maria. Durch seinen Tod am Kreuz und seine Auferstehung ist der Geist der Heiligkeit auf die Apostel herabgekommen und bleibt nun in der Kirche Christi gegenwärtig.

Aus dieser Sendung des Vaters und des Geistes entspringt die Heilssendung der Kirche. Aus der Sendung des Sohnes, des Gottesknechtes, der die messianische Salbung empfangen hat, entsteht im Heiligen Geist das ”königliche Priestertum“ aller Getauften.

Aus dem Priestertum des Sohnes, des Gesalbten, kommen im Heiligen Geist die Berufung und das Amt der Priester, die ihnen im Weihesakrament mit einem unauslöschlichen Siegel eingeprägt werden.

Durch ihr Dienstamt nimmt das ganze Volk Gottes teil am Priestertum Jesu Christi, des einzigen Mittlers zwischen Gott und den Menschen. Heute werden diesem Gottsvolk neue Priester geschenkt, deren Auftrag sich auf der Grundlage der Sendung aller Gläubigen vollzieht; denn auch sie sind in ihrem Glauben durch den Heiligen Geist bestärkt worden. Alle sollen sie zu ihrer Aufgabe, den Glauben zu verkünden, aufbrechen: Das ist gemeint mit dem Sendungswort, das jede heilige Messe beschließt.

Ja, freuen wir uns heute; denn in diesem feierlichen Gottesdienst ist die Sendung des Volkes Gottes in der Kirche der Schweiz erneuert worden. Darum laßt uns wie mit einer Stimme unaufhörlich das Lob der Heiligsten Dreifaltigkeit singen!

10. ”Gepriesen seist du, Herr, du Gott unserer Väter“.

Wie viele ”Väter“, wie zum Beispiel Nikolaus von der Flüe, wie viele Generationen sind euch auf dieser Erde vorangegangen und haben ”Anteil an der göttlichen Natur“ erhalten (2 Petr. 1, 4), in lebendiger Einheit mit dem Vater, dem Sohn und dem Heiligen Geist! Nehmen wir ihr Erbe an! Setzen wir ihr Zeugnis fort! Übernehmen wir ihre Sendung als Antwort auf die drängenden Fragen von heute, beim Übergang zum dritten Jahrtausend! Möge dieses Land stets von Gott ergriffen und mit seinem Leben durchdrungen sein, um sein Licht widerzustrahlen und der Welt zum Glauben zu verhelfen!

Der Gott eurer Väter bleibe auf immer der Vater eurer Kinder! Der Vater aller Generationen, die in diesem Land noch folgen werden!

Du, der einzig wahre Gott, Vater, Sohn und Heiliger Geist! Amen.

 

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