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DISCURSO DEL SANTO PADRE JUAN PABLO II
AL SEÑOR MARCELO SANTOS VERA,
NUEVO EMBAJADOR DE ECUADOR ANTE LA SANTA SEDE*


Viernes 24 de febrero de 1995

 
 
Monsieur l’Ambassadeur,

1. C'est avec un grand plaisir que je vous reçois ce matin, en cette occasion solennelle de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Équateur près le Saint-Siège. En vous souhaitant une cordiale bienvenue, il m'est agréable de réaffirmer devant vous l'affection profonde que je ressens pour tous les enfants de cette noble nation.

Je réponds avec une sincère satisfaction au salut déférent que le Président constitutionnel de la République, S.E. M. Sixto Duran Ballén, a bien voulu me transmettre par votre intermédiaire, et je vous prie de bien vouloir lui présenter mes meilleurs vœux ainsi que l'assurance de ma prière au Tout-Puissant pour la prospérité et le bien spirituel de tous les Équatoriens.

2. J'ai écouté avec plaisir les paroles que vous m'avez adressées, par lesquelles vous m'avez réaffirmé les sentiments du peuple équatorien, en particulier le témoignage de sa foi renouvelée et de sa fidélité à l'Église. En effet, dix ans ont passé depuis la date de mon inoubliable voyage apostolique dans votre pays, au cours duquel j'ai pu connaître de près et apprécier les valeurs particulières et authentiques de l'âme équatorienne. Ces valeurs ont été manifestées de façon spéciale dans les figures rayonnantes qui nous sont chères, de sainte Mariana de Jésus, de saint Miguel Febres Cordero et de la bienheureuse Narcisa, qui sont des exemples de sainteté et des motifs de joie pour l'Église entière et particulièrement pour la nation équatorienne. Cette visite dans le pays où vécurent ces bienheureux et où aujourd'hui, comme depuis presque cinq siècles, l'Église se développe et vit dans une multitude de communautés chrétiennes me laissa l'agréable souvenir d'un peuple noble, travailleur, aimant la paix.

3. Cependant, le douloureux conflit entre votre pays et le Pérou, auquel vous avez largement fait référence dans votre discours, a été pour moi un motif de vive préoccupation.

Lorsque les hommes et les peuples vivent en paix ils rendent gloire à Dieu (cf. Gaudium et spes, 76). C'est pourquoi l'Église ne manquera jamais d'offrir sa contribution en appelant les chrétiens «pour qu'avec l'aide du Christ, auteur de la paix, ils travaillent avec tous les hommes à consolider cette paix entre eux dans la justice et l'amour, et à en préparer les moyens» (ibid., 77). A ce propos je confie à la miséricorde du Seigneur le repos éternel de ceux qui sont morts au combat et je suis proche de ceux qui souffrent des conséquences de ces affrontements. Je désire exprimer ma satisfaction pour les espérances qui naissent de la signature de la «Déclaration de paix d'Itamarty entre l'Équateur et le Pérou», datant du 17 de ce mois, qui a pu être obtenue grâce à l'aide persévérante des quatre pays garants.

Je me réjouis profondément de l'accord auquel sont arrivées les deux parties, rétablissant entre elles un climat de détente et d'amitié et je les prie instamment, en cessant tout type d'hostilité, de poursuivre le chemin du dialogue, grâce aux moyens que le droit international met à notre disposition pour résoudre pacifiquement les controverses qui peuvent surgir entre les nations.

Les pasteurs de l'Église ne devront pas manquer de prêter leur collaboration grâce à des campagnes de prière, comme celles qui ont été organisées par des épiscopats du cher continent américain, grâce à la prédication des préceptes évangéliques et à l'aide des moyens dont ils disposent, pour que soit favorisée une véritable atmosphère de paix, de sérénité, d'effort pour collaborer et d'entente pacifique. Ensuite, comme je l'exposai dans mon discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, «je suis convaincu que si la guerre et la violence sont contagieuses, la paix l'est tout autant» (ORf n. 2, l0 janvier 1995).

Pour ma part, je désire réaffirmer ma profonde conviction que «la guerre n'est pas une fatalité; la paix est possible ! Elle est possible parce que l'homme a une conscience et un cœur. Elle est possible parce que Dieu aime chacun de nous, tel qu'il est, pour le transformer et le faire grandir» (ORf n. 3, 18 janvier 1994).

4. Dans vos paroles, vous avez aussi fait référence au processus de modernisation de l'État. A ce propos, il me plaît de rappeler que pour obtenir un progrès véritablement intégral, il est également nécessaire de consacrer une grande attention à la culture et à l'éducation. La loi sur la liberté d'éducation des familles de l'Équateur, récemment promulguée, veut être une garantie du plein exercice de la liberté religieuse, de conscience et d'éducation. Il faut espérer que son application contribuera à la promotion permanente d'une authentique politique culturelle qui consolidera et diffusera les valeurs fondamentales d'une société qui, comme la société équatorienne, est enracinée dans la foi et dans les principes chrétiens.

De même, il faut espérer que la réforme de l'éducation, actuellement en cours, atteigne ses objectifs et fasse en sorte que la formation intégrale puisse devenir le patrimoine de tous, facilitant les conditions nécessaires pour que les jeunes puissent assumer pleinement leurs responsabilités comme citoyens et collaborateurs actifs pour le bien commun de la nation.

5. Monsieur l'Ambassadeur, les liens qui ont uni et unissent l'Équateur à l'Église sont nombreux et solides. Pour cette raison, j'ai le plaisir de réaffirmer aujourd'hui que la ferme volonté ecclésiale, inspirée par le désir du témoignage évangélique, loin des intérêts transitoires et des parties, est d'être présente tout en prêtant son aide dans des domaines aussi importants que l'enseignement, l'assistance aux plus défavorisés, les services de santé, la promotion intégrale de la personne comme citoyen et enfant de Dieu. C'est pourquoi, les pasteurs de l'Église en Équateur, en communion avec le Successeur de Pierre, ne manqueront pas d'offrir leur parole d'orientation à tous, car elle naît d'une profonde connaissance de la réalité humaine équatorienne et de la mission d'annoncer l'Évangile du Christ.

Avant de conclure cette rencontre, je désire formuler mes meilleurs vœux pour que la mission qui commence aujourd'hui soit féconde en fruits et en succès. Je vous prie de vous faire l'interprète de mes sentiments et de mes espérances auprès du Président constitutionnel de la République d'Équateur, ainsi que des autres autorités de votre pays, alors que j'invoque la Bénédiction de Dieu et les dons de l'Esprit sur vous, sur votre famille et vos collaborateurs, et sur tous les fils bien-aimés de la noble nation équatorienne, toujours présente dans le cœur du Pape.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.10 p.5.



 

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