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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM INTERNATIONAL SYRIAQUE

Lundi 30 octobre 1972

 

C’est avec un très grand plaisir que Nous recevons ce matin votre symposium international syriaque, dont la présence évoque irrésistiblement en Nous les gloires de la vénérable Antioche chrétienne. Quelle n’était pas déjà la richesse de son passé, lorsque la cité de l’Oronte vit arriver les premiers messagers de la Bonne Nouvelle! Saint Luc nous a décrit la ferveur de sa jeune communauté, la première appartenant à ce monde hellénistique qui s’ouvrait à l’Evangile. Remplie de zèle et de docilité à l’Esprit Saint, elle profita du rayonnement de la ville d’Antioche sur le bassin oriental de la Méditerranée, pour s’élancer à la conquête spirituelle d’un monde assoiffé de vérité. Là, «pour la première fois, les disciples du Christ furent désignés du nom de chrétiens» (Act. 11, 26); là, saint Paul inaugura sa prédication dont nous vivons encore. L’évocation d’un seul lieu, aussi chargé d’histoire qu’il puisse être, ne saurait cependant épuiser les souvenirs que nous devons à l’orient syrien. C’est toute la Syrie, biblique, chrétienne et catholique que Nous voulons saluer aujourd’hui. Non sans émotion, Nous rappelons particulièrement le nom de Damas, si cher à la chrétienté et où Nous avons voulu ériger un mémorial en l’honneur de l’apôtre des nations. Sous ses murs, le persécuteur par zèle de la Loi a rencontré le Seigneur et est devenu le «vase d’élection» destiné à porter son nom jusqu’aux extrémités de la terre!

Aussi est-ce pour Nous un motif de joie très particulière de pouvoir saluer aujourd’hui notre vénérable Frère, Sa Béatitude Ignace Antoine II Hayek, Patriarche de l’Eglise syrienne d’Antioche, ainsi que tous nos fils de cette communauté. Nous ne voudrions pas non plus séparer dans notre affection ceux des divers rites catholiques de ce pays: Melchites, dont Damas est le siège patriarcal, Arméniens, Maronites, Chaldéens, Latins, et toutes les congrégations religieuses orientales ou de rite latin. Nous étendons notre salut cordial à travers les personnes qui les représentent ici, à toutes les vénérables Eglises qui ont conservé l’usage de la langue et du rite syriaques, à nos Frères Orthodoxes, en premier lieu à Sa Sainteté le Patriarche Ignace Jacob III; et de même aux communautés protestantes. Comment, en ce jour, ne pas tourner aussi notre pensée vers les populations musulmanes et vers les autorités civiles de ces pays qui conservent pieusement les richesses de l’ancienne culture syriaque, pour adresser à tous nos souhaits de concorde et de paix?

Nous sommes heureux enfin d’accueillir notre Institut pontifical d’Etudes orientales en la personne de son Recteur, le Père Ivan Zuzek, S.J., ainsi que le Secrétaire de votre symposium, le Père Ignace Ortiz de Urbina, S.J. Pour la première fois sans doute, un aussi grand nombre de spécialistes se trouve réuni pour étudier la patristique, la liturgie et l’histoire des Eglises antiochiennes de langue et de rite syriaques. Quelles richesses ne contribuez-vous pas à faire connaître! Nous nous devons d’évoquer, ne fut-ce que brièvement, le regretté et incomparable cardinal Mercati, et ses études consacrées au plus célèbre manuscrit de la bibliothèque ambrosienne - publié par Mgr A. M. Ceriani en 1874 - celui des «Hexaples d’origène». Nous pensons aussi au trésor des anciennes versions syriaques de la Bible, au «Diatesseron», de Tatien ou à la «Peschitta», qui nous transmettent les expressions littéraires les plus proches du dialecte araméen que parla le Christ Jésus.

Nous voyons une profonde signification dans cette volonté de retour à de telles sources. Leur valeur n’est pas seulement culturelle, mais religieuse et chrétienne. Elles nous mettent en contact, dans le domaine de la théologie et de la spiritualité, avec d’authentiques traditions apostoliques. C’est pourquoi vous avez voulu élargir le champ de vos investigations érudites à l’ensemble des Eglises d’expression syriaque, non seulement en ce qui concerne leur liturgie, mais aussi leur théologie, leur spiritualité et leur histoire. C’est vous dire combien Nous apprécions vos efforts compétents. Vous pouvez aussi apporter, n’en doutez pas, un concours important à une meilleure compréhension mutuelle et donc promouvoir une union plus étroite, au plan de la culture, certes, mais aussi à celui de la diversité des rites, de l’œcuménisme et de l’amitié avec le monde arabe.

Vous vous réunissez à l’approche du seizième centenaire de la mort de saint Ephrem le Syrien, que notre Prédécesseur Benoît XV proclama, en mille neuf cent vingt, Docteur de l’Eglise. Puisse sa grande figure, que plusieurs d’entre vous ont entrepris de mettre plus particulièrement en lumière, être le guide de vos efforts.

Formant les meilleurs vœux pour le plein succès de votre symposium, Nous implorons de grand cœur, sur vos travaux et sur vos personnes, l’abondance des divines bénédictions.

                                                               



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