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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX PARTICIPANTS AU VIII CONGR
ÈS DE LA
SOCIÉTÉ EUROPÉENNE DE SOCIOLOGIE RURALE

Mercredi 25 juillet 1973

 

Chers Messieurs,

Depuis sa fondation à Wageningen, en Hollande, le 29 novembre 1957, la Société européenne de Sociologie rurale a singulièrement étendu son rayonnement. Ce n’est pas souvent que Nous accueillons des spécialistes des problèmes ruraux; mais aujourd’hui il Nous est fort agréable de vous saluer tous autant que vous êtes, responsables de ce huitième Congrès, conférenciers qualifiés, et professeurs qui consacrez le meilleur de vos talents à l’enseignement de la Sociologie rurale dans les Universités d’Europe.

Vous n’attendez pas de cette rencontre quelque propos d’ordre technique. Le regard que Nous avons donné au programme des exposés et des échanges de ces journées romaines Nous laisse deviner leur densité et leur à-propos. Mais vous pouvez croire que toute contribution au développement authentique de l’homme et de la communauté humaine Nous intéresse profondément. Nous ne saurions oublier que votre patient travail est voué au service du monde rural qui compte, aujourd’hui encore, un peu plus de la moitié de la population humaine.

La sociologie, vous le savez parfaitement, ne veut pas être seulement une photographie mais une radiographie des réalités humaines. Les sociologues que vous êtes peuvent ainsi favoriser des prises de conscience salutaires dans les milieux agricoles actuellement désemparés face à la société industrielle et à l’urbanisation galopante. Vos recherches, nécessairement accomplies en étroite liaison avec tous les responsables du monde rural et répercutées par eux, doivent aider les habitants des campagnes à devenir un peuple réaliste, inventif, coopérant, un peuple neuf qui se relève non pour conserver ses terres mais pour les aménager et rééquilibrer une civilisation urbaine qui ne peut survivre sans lui.

La sociologie, comme toutes les sciences humaines, trouve ses limites dans son objet et ses méthodes. Aussi ses conclusions ne sauraient devenir idéologie écrasante, froide directivité, conditionnement systématique de l’opinion. Cela serait au rebours de la promotion qu’elle veut favoriser. Mais comment ne pas encourager une sociologie qui, sans renoncer aux exigences de la technicité, s’efforce de respecter et de gagner le cœur et l’esprit des populations rurales, capables de dépassement des conflits, de solidarités nouvelles, de projets plus cohérents, d’expériences patientes et réalistes. Comment ne pas encourager une sociologie rurale, de plus en plus soucieuse d’humble dialogue et d’authentique coopération avec les régions agricoles du Tiers-Monde. En un mot, le monde rural ne sortira pas de ses graves problèmes ou de son sommeil seulement par la voie d’une législation renouvelée. C’est l’affaire de tout le milieu. Très profondément Nous ne cessons de le redire, c’est une question d’amour et de service de l’homme, reconnu comme un frère, et pour les chrétiens reconnu dans sa dignité de fils de Dieu.

C’est dans ces sentiments que Nous invoquons sur vos personnes et sur ceux qui collaborent à votre mission de sociologues, la Bénédiction du Seigneur.

                                   



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