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MESSAGE-RADIO DU PAPE PIE XII
AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS MARIAL NATIONAL DU CANADA*

Jeudi 19 juin 1947

C'est avec une douce et paternelle émotion que Nous Nous rendons en esprit au Congrès marial d'Ottawa et que, par la voie des ondes, Nous adressons à Nos chers fils, qui s'y trouvent réunis dans un unanime élan de piété envers la Mère de Dieu, notre Mère, l'expression de Nos encouragements, de Nos félicitations, de Nos vœux.

S'il est vrai, comme l'a dit Bossuet, que « quand Jésus entre quelque part, il y entre avec sa Croix » (Panégyrique de S. Jean, 1er point), il est également vrai qu'il n'y entre jamais sans Marie.

Le Canada, lorsqu'il accueillit la Bonne Nouvelle que, au prix de leurs sueurs et de leur sang, lui apportaient d'intrépides missionnaires, ne pouvait faire exception à cette règle d'or, à cette économie divine. Le jour où Jacques Cartier plantait la Croix sur les rives du Saint-Laurent et sur chaque point où il abordait, — la montrant du doigt aux sauvages et levant les yeux vers le ciel, — le jour où, appliquant contre un arbre une image de Marie, il lui confiait le salut de son expédition atteinte par la maladie ; Jésus prenait possession de votre terre, avec sa Croix, avec sa Mère. Bien humble entrée ?

Voyez donc ! N'est-ce pas plutôt le prélude d'une marche triomphale qui ne cessera de progresser ? et dont les solennités d'aujourd'hui, avec tout leur éclat, ne marquent qu'un stade préparatoire, une étape en avant vers de nouveaux triomphes de Jésus, de sa Croix, de sa Mère ? A mesure qu'elle se déroule depuis plus de quatre siècles, la voix des foules, loin de se taire, s'est faite plus sonore, plus vibrante, plus enthousiaste, dans l'hosanna au béni qui vient au nom du Seigneur, dans la louange à Celle par qui il est venu. Et sans qu'elle se tût, est venue se joindre, puissante, la voix du bronze qui, sur l'initiative de Champlain s'est mise, en 1634, à sonner, comme dans la mère-patrie, l'Angélus du matin, du midi et du soir, la voix des pierres aussi qui, à leur tour, se sont mises à chanter, dans des centaines et des centaines de chapelles et d'églises, le nom de la Reine du ciel et de la terre, proclamée souveraine du Canada. Consacrant à Marie, le 8 décembre 1635, toutes les missions présentes et futures du Canada, saint Jean de Brébeuf et ses compagnons dédiaient à l'Immaculée Conception un humble sanctuaire sur un petit fortin : tel fut le berceau de la vaste et opulente cité de Québec, où se dresse aujourd'hui le temple de Notre-Dame des Victoires. Depuis, quelle floraison !

Témoignage plus éloquent encore celui du sang des martyrs, du zèle des apôtres, évêques, prêtres, religieux et religieuses, depuis les Ordres plus anciens jusqu'aux plus récentes familles religieuses et aux nombreuses phalanges de l'apostolat laïque. Tous, voués au culte et au service de la Mère de Dieu, se sont appliqués à la faire connaître, à la faire aimer ; tous ont placé sous son patronage leur œuvre d'évangélisation et de sanctification. D'un océan à l'autre, des grands centres industriels aux steppes glacés des Esquimaux, sur toute l'étendue de votre immense patrie, rayonne, avec la splendeur de Jésus, le maternel sourire de Marie. Et comment ne pas donner en cette mémorable circonstance une mention spéciale aux dignes fils du grand évêque Mazenod, dont le nom même d'Oblats de Marie Immaculée est à lui seul tout un programme, dont l'activité, déployée à Ottawa même, dans cette magnifique Université déjà célèbre, reçoit en ce jour la plus encourageante récompense ?

Quel chemin parcouru sous le regard de la Vierge Immaculée et quelles perspectives s'ouvrent sur une avenir plus glorieux et plus fécond encore ! Visiblement, la douce étoile a, depuis l'origine, brillé sur l'Église catholique du Canada ; elle continue de briller sur elle et de la protéger. Que toujours, de plus en plus, votre espérance se repose en elle, qui vous conduira par les voies saintes et sûres. À elle Nous vous confions au début de ces radieuses journées mariales.

À son amour et à son intercession, Nous confions votre bien-aimée patrie : que par Marie, celle-ci jouisse dans le calme et dans la paix des trésors de la nature dont Dieu l'a favorisée ; que, dans la reconnaissance envers le Créateur de tous ces biens, fidèle à le servir, elle poursuive sa mission de charité, venant fraternellement en aide aux poignantes nécessités d'autres peuples.

À l'amour et à l'intercession de Marie, Nous vous recommandons vous-mêmes, chers fils et chères filles, afin que vous gardiez et que vous mettiez en valeur, comme votre bien le plus précieux, l'héritage de foi et de vie chrétienne que vous ont légué vos pères et auquel il Nous est bien doux de rendre en ce moment hommage. Oui, gardez jalousement vos magnifiques traditions ; défendez-les vaillamment contre tout ce qui pourrait les ruiner ou les affaiblir. Loin de là, soyez bien persuadés que, en elles, votre peuple possède ses meilleures garanties d'avenir.

Ouvrez les yeux et, d'un regard large et profond, scrutez l'horizon pour prendre conscience des devoirs que comportent les problèmes sociaux d'aujourd'hui et que la justice sociale vous impose.

Et puis, soyez unis entre vous. Votre commune participation à un même pain eucharistique, votre commun attachement à la Mère céleste, la conscience de la commune responsabilité que portent ensemble tous les fidèles d'une même terre, voilà bien de quoi vous maintenir dans la solidarité d'un grand amour, devant lequel tombent misérablement les préoccupations trop personnelles et mesquines qui pourraient tendre à diviser et à séparer. « Vivez unis et dans la paix ; et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous » (2 Cor 13, II). Daigne Marie se montrer à vous médiatrice de cette paix et de cet amour !

Avec une confiance sans borne et sans réserve dans sa maternelle sollicitude pour vous, chers fils et chères filles, Nous vous donnons à vous tous, assemblés en ce moment dans un commun hommage à la Mère de Dieu ; à vous tous, évêques, prêtres et fidèles, au bien aimé archidiocèse d'Ottawa, en cette année centenaire de sa fondation, et à son dévoué Pasteur, ainsi qu'à tout le pays et à tout le peuple du Canada, comme gage des meilleures faveurs célestes, la Bénédiction apostolique.

* * *

Beloved Children in Christ Jesus : You have opened a congress which will be memorable in the proud annals of your country. This is not the first time that Canadian skies have been pierced by paeans of praise to honour her whom the King, the King of Kings has wished to honour. More than three centuries ago Mary's sweet name was given to river and lake, to mountain-peak and bay in your land, and devotion to her Most Pure Heart was sanctifying the family hearths. A first settlement might be little more than a few rough cabins along the lower banks of the river, but a chapel was there, dedicated to God to honour the Immaculate Conception of Mary. Other brave spirits came to penetrate farther up the river and their city was to be Mary's own; their battlecry against the savages of the forest was : Ave Purissima !

But those early champions of Mary's honour to the glory of her Son, for all their adventuresome fervour, could never have imagined the scene that Canada presents today. In the national capital, before most eminent representatives of Church and State, thousands have gathered to make public profession of their faith, Canada's rich heritage from Old France and to re-dedicate to Mary Immaculate the country that they love, with whose future are bound up the happiness and welfare of their children and children's children. With keen joy We feel conscious of Our own presence in your midst in the person of Our Cardinal Legate. Surely Our venerable Brother, the devoted Shepherd of your souls, responded to a holy inspiration, when he planned to commemorate the centenary of the diocese of Ottawa by a Marian Congress, whose sessions and liturgical functions would help you to know better and love more ardently creation's incomparable glory, and whose crowning act would be the consecration of all; town, - city and province - to Mary, the Mother of God.

Mother of God! What an ineffable title ! The grace of the divine maternity is the key which opens up to weak, human scrutiny the untold riches of Mary's soul; as it is likewise a challenge commanding for her the utmost reverence of every creature. « She alone by her dignity transcends heaven and earth. None among created beings visible or invisible can compare with her in excellence. She is at once the handmaid and the Mother of God, a Virgin and yet a Mother » (Brev. Rom. Offic. B. V. M. lect. 5).

But when the little maid of Nazareth uttered her fiat to the message of the Angel and the Word was made flesh in her womb, she became not only the Mother of God in the physical order of nature, but also in the supernatural order of grace she became the Mother of all, who through the holy Spirit would be made one under the Headship of her divine Son. The Mother of the Head would be the Mother of the members (cfr. St. Aug. de Sancta Virginit. cap. VI; Migne PL t. 40, c. 399). The Mother of the Vine would be the Mother of the branches.

Our filial love of Mary prompts Us to dwell for a space in prayerful meditation with you, beloved children, on these beautiful truths. But time will not permit Us. You will ponder them in your hearts during these days of extraordinary grace, which are beginning for you. Let the sin-laden soul take courage and know that a Mother's heart filled with mercy is pleading with her divine Son for the needed grace of repentance and forgiveness. Let growing youth of both sexes know that a loving Mother's eyes are always on them. No path or circumstance is hidden from her anxious care. Go forward then with determination, o dear young men and young women ; vindicate the glory of your Immaculate Mother. In the face of a vicious world prove that young hearts can still be chaste. And oh how much depends on the genuine, active Catholicity of the home !

Rejoice, O most pure One, Mother of God, in the holy desires and resolutions of thy dear children of Canada. They are thine ; they wish to cling ever to thy guiding hand. Protect them under the wings of thy affection and mercy. Defend them against the peril that threatens the human family and menaces especially those who wish to be faithful to thy Son and His Church.

As a pledge of these precious blessings, beloved children, and as a token of Our paternal affection, to you, to all who take part in this Congress and who have assisted in its preparation, We impart the Apostolic Benediction.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, IX,
Neuvième année de Pontificat, 2 mars 1947- 1er mars 1948, pp. 107-111
Typographie Polyglotte Vaticane.



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