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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX MEMBRES DES CONSEILS SUPÉRIEURS DES
ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES
DE LA PROPAGATION DE LA FOI*

Salle du Trône - Lundi 28 avril 1952

 

Les commémorations de saint François-Xavier et de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, qui ont marqué la fin de vos Assemblées générales, vénérables frères et chers fils, soulignent assez le caractère avant tout spirituel des Œuvres Pontificales, dont vous êtes les Directeurs nationaux ou les promoteurs zélés.

Les courses apostoliques de saint François-Xavier se sont achevées, il y a quatre siècles cette année, sur un échec apparent : le 2 décembre 1552, épuisé à l'âge de 46 ans, il mourait seul, sur l'île de Sancian, devant la Chine impénétrable. Mais une telle mort a une valeur spirituelle, qui n'est pas près de s'épuiser, valeur du don total de la vie pour ceux qu'on aime — il n'y a pas de plus grand amour —, valeur d'exemple pour tant d'âmes d'apôtres qui l'ont suivi et le suivront dans la carrière missionnaire. Du centre de la chrétienté, le bras levé, que vous avez vénéré dans l'église du Gesù, continue à appeler à lui les cœurs généreux. Jamais une prudente organisation de son travail missionnaire n'aurait eu l'effet de cette grande flamme d'amour, qui l'a dévoré en quelques années et qui brille à jamais aux rives de l'Extrême-Orient.

Il l'ont bien compris ces héroïques missionnaires qui demeurent là-bas sous le pressoir, assistant paralysés à l'écroulement de leurs œuvres, qu'un siècle d'efforts avait lentement édifiées, ou bien qui se voient chassés un à un, sous les inculpations les plus mensongères, obligés d'abandonner les chrétiens qu'ils avaient baptisés, instruits, formés, à qui ils avaient donné leurs plus belles années, leur cœur, toutes leurs forces. Les voilà bannis de la terre bien-aimée, de la patrie de leur choix, de la famille spirituelle qu'ils ont fondée, nourrie, soutenue. Ils laissent leurs brebis, alors que retentit à leurs oreilles la parole de la Sainte Écriture : « J'ai frappé le pasteur et les brebis ont été dispersées » (cf. Mt 26, 31). Ils partent angoissés et murmurent dans leur douleur la parole du divin Maître : « Mon  âme est triste à en mourir » (Mt 26, 38), mais ils savent ajouter avec Lui : « Père, que votre volonté soit faite et non pas la mienne » (Lc 22, 42).

Si Dieu le veut — et Nous l'en supplions de toute l'ardeur de Notre cœur —, il peut arrêter le fléau, il peut faire que la résurrection suive de près la passion, que les sacrifices actuels portent bientôt beaucoup de fruit. Cela suppose que les prières de l'Église entière obtiennent cette grâce pour Nos fils souffrants ; et les forces spirituelles immenses, que vous représentez, Nous en donnent la vivante espérance.

L'Union Missionnaire du Clergé, en inspirant aux prêtres, intercesseurs par excellence entre Dieu et leurs frères, un plus ardent désir de l'extension du Règne de Dieu, contribuera a développer dans tous les fidèles l'esprit de prière et de sacrifice, sans lequel l'Église ne peut fleurir et s'étendre. Elle sera, comme Nous le disions récemment dans l'Encyclique Evangelii praecones, la source d'où dérivent les eaux nourricières des œuvres pontificales (cfr. Acta Ap. Sedis, a. 43, 1951, p. 525).

L'Œuvre de la Propagation de la Foi fera prier le Dieu tout-puissant de susciter de nombreuses vocations missionnaires. Tout véritable chrétien devrait être en quelque sorte apôtre, et s'il est réservé à un petit nombre de partir en pays lointain, la Patronne de toutes les Missions, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, nous enseigne à faire de notre vie chrétienne de tous les jours une offrande apostolique hautement méritoire et efficace.

L'Œuvre Pontificale de saint Pierre Apôtre donnera un but précis à la générosité de ses adhérents, en les faisant collaborer à l'achèvement du travail missionnaire par la formation d'un clergé indigène instruit et saint.

Il Nous plaît de redire ici devant vous ce que Nous affirmions le 2 juin dernier dans l'Encyclique déjà citée : « Le zèle dépensé par le peuple chrétien pour la cause du salut des infidèles aboutit au merveilleux effet de raviver sa propre foi, et quand la ferveur pour les missions s'accroît, s'accroît également la piété » (ibid. p. 526). La parabole du Bon Pasteur, que la Sainte Église remettait hier sur les lèvres de tous les prédicateurs de l'Évangile, exprime à merveille le sentiment qui Nous presse et qui anime aussi vos cœurs, vénérables frères et chers fils, en face de l'effort gigantesque qui reste à faire pour qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur. C'est l'ardent amour du Christ, qui lui fait dire : « J'ai aussi d'autres brebis, qui ne sont pas dans ce bercail. Il faut que je les amène » (Jn 10, 16). Oui, il le faut, Dieu le veut; c'est votre honneur et votre gloire d'y consacrer tous vos efforts, d'y employer toute votre ardeur apostolique. Que l'Encyclique Evangelii Praecones, dont les collaborateurs de la Revue « Euntes docete » Nous offrent aujourd'hui un commentaire si soigné, soit votre guide et votre assurance. Courage, bons serviteurs de l'Église, et pour vous aider à demeurer et à devenir toujours davantage dignes de votre mission, Nous implorons sur vous-mêmes et sur les Œuvres Pontificales, qui vous sont confiées, l'abondance des faveurs divines, en gage desquelles Nous vous donnons de grand cœur Notre Bénédiction apostolique.


* Discours et Messages-radio de S.S. Pie XII, XIV,
Quatorzième année de Pontificat, 2 mars 1952 - 1er mars 1953, pp. 123-125
Typographie Polyglotte Vaticane

A.A.S., vol. XXXXIV (1952), n. 7-8, pp. 425 - 427.



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