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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 17 janvier 2014

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 5 du 30 janvier 2014)

Tout le monde fait ainsi

La « mondanité spirituelle » est une tentation dangereuse car elle « ramollit le cœur » avec l’égoïsme et insuffle chez les chrétiens un « complexe d’infériorité » qui les conduit à se conformer au monde, à agir « comme tout le monde le fait » en suivant « la mode la plus amusante ». C’est une invitation à vivre la « docilité spirituelle » sans « vendre » sa propre identité chrétienne qui a été exprimée par le Pape François lors de la messe du 17 janvier. Comme les jours précédents, le Pape s’est inspiré pour sa réflexion de la lecture liturgique tirée du premier livre de Samuel. « Nous avons vu — a-t-il expliqué — que le peuple s’était éloigné de Dieu, il avait perdu la connaissance de la parole de Dieu : il ne l’entendait pas, il ne la méditait pas ». S’éloigner de Dieu, a remarqué le Pape, signifie donc prendre une route qui inévitablement « conduit à ce que nous avons entendu aujourd’hui (1 Samuel 8, 4-7.10-22a) : le peuple rejette Dieu. Non seulement il n’entend pas la parole de Dieu, mais il la rejette » et il finit par dire : « Nous pouvons nous gouverner nous-mêmes, nous sommes libres et nous voulons prendre cette route ». Assurément, a précisé le Pape, « il est vrai que le chrétien doit être normal, comme les personnes sont normales. C’est ce que dit déjà la Lettre à Diognète, aux premiers temps de l’Eglise. Mais — a-t-il averti — il existe des valeurs que le chrétien ne peut pas prendre pour lui ». En effet, « il doit considérer pour lui la parole de Dieu qui lui dit : tu es mon fils, tu es élu, je suis avec toi, je marche avec toi ». Et « la normalité de la vie exige du chrétien la fidélité à son élection ». Cette élection, il ne doit jamais « la vendre pour aller vers une uniformité mondaine : telle est la tentation du peuple et aussi la nôtre ». Le Pape François a mis en garde contre la tentation d’oublier « la parole de Dieu, ce que nous dit le Seigneur » pour poursuivre en revanche « la parole à la mode ». Et il a commenté : « Le roman feuilleton aussi est à la mode ! Suivons celle-ci : elle est plus amusante ! ». Cette attitude de « mondanité », a-t-il précisé, « est plus dangeureuse parce qu’elle est plus subtile » ; alors que « l’apostasie », c’est-à-dire « précisément le péché de la rupture avec le Seigneur », se voit et se reconnaît clairement. Plus encore : dire que « nous serons nous aussi comme tous les peuples » révèle le fait qu’ils « se sentaient avec un certain complexe d’infériorité, car ils n’étaient pas un peuple normal. Et la tentation est là, c’est dire : nous savons ce que nous devons faire, que le Seigneur reste tranquillement chez lui ! ». Telle était au fond leur pensée, qui ne se détache pas « du récit du premier péché », c’est-à-dire de la tentation de prendre sa propre route et de savoir déjà tout seul comment « connaître le bien et le mal ». « La tentation — a insisté le Pape — durcit le cœur. Et quand le cœur est dur, quand le cœur n’est pas ouvert, la parole de Dieu ne peut pas entrer ». Ce n’est pas un hasard si Jésus a dit « à ceux d’Emmaüs : sots et lents de cœur ! » ; ayant « le cœur dur, ils ne pouvaient pas comprendre la parole de Dieu ». Précisément « la mondanité ramollit le cœur ». Mais elle lui fait « mal ». Car, a remarqué le Pape, « ce n’est jamais une bonne chose d’avoir le cœur mou. Un cœur bon est ouvert à la parole de Dieu, il la reçoit. Comme la Vierge qui méditait toutes ces choses en son cœur, dit l’Évangile ». Voilà donc la priorité : « Recevoir la parole de Dieu pour ne pas s’éloigner de l’élection ».



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