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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 7 mars 2014

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 11 du 13 mars 2014)

Le fantôme de l’hypocrisie

Le « fantôme de l’hypocrisie » nous fait oublier comment on caresse un malade, un enfant, ou une personne âgée. Et il nous empêche de regarder dans les yeux la personne à laquelle nous faisons rapidement l’aumône, en retirant immédiatement la main pour ne pas nous salir. C’est un avertissement à « ne pas avoir honte », jamais, de la « chair de notre frère » qui a été adressé par le Pape François. Le vendredi après les cendres, l’Église, a expliqué le Pape, propose une méditation sur la véritable signification du jeûne. Et elle le fait à travers deux lettres incisives, tirées du Livre du prophète Isaïe (58, 1-9a) et de l’Évangile de Matthieu (9, 14-15).

Voilà le sens du véritable « jeûne qui se préoccupe de la vie de notre frère, qui n’a pas peur de la chair de notre frère, comme le dit Isaïe lui-même ». En effet, « notre perfection, notre sainteté avance avec notre peuple, au sein duquel nous avons été élus et insérés ». Et « notre acte de sainteté le plus grand est précisément dans la chair de notre frère et dans la chair de Jésus Christ ».

Ainsi, a-t-il souligné, même « l’acte de sainteté d’aujourd’hui n’est pas un jeûne hypocrite. Cela signifie ne pas avoir honte de la chair du Christ qui vient ici aujourd’hui: c’est le mystère du corps et du sang du Christ. Cela signifie aller partager le pain avec celui qui a faim, soigner les malades, les personnes âgées, ceux qui ne peuvent rien nous donner en contrepartie: cela signifie ne pas avoir honte de la chair ».

« Le salut de Dieu est dans un peuple. Un peuple qui va de l’avant, un peuple de frères qui n’ont pas honte l’un de l’autre ». Mais c’est précisément cela, a-t-il averti, qui « est le jeûne le plus difficile: le jeûne de la bonté. La bonté nous porte à cela ». Et « sans doute — a-t-il expliqué en citant l’Évangile — le prêtre qui passa devant cette homme blessé a-t-il pensé » en se référant aux commandements  du temps : « Mais si je touche ce sang, cette chair blessée, je deviendrai impur et je ne pourrai pas célébrer le sabbat ! Et il a eu honte de la chair de cet homme. C’est cela, l’hypocrisie ! ». Au contraire, « ce pécheur est passé et l’a vu : il a vu la chair de son frère, la chair d’un homme de son peuple, fils de Dieu comme lui. Et il n’a pas eu honte ».

« La proposition de l’Église aujourd’hui » suggère donc un véritable examen de conscience à travers une série de questions que le Pape a posées aux personnes présentes : « Est-ce que j’ai honte de la chair de mon frère, de ma sœur ?  Lorsque je fais l’aumône, est-ce que je laisse tomber la pièce sans toucher la main ? Et si par hasard je la touche, est-ce que je fais immédiatement cela ? » a-t-il demandé en imitant le geste de se nettoyer la main. Et encore : « Quand je fais l’aumône, est-ce que je regarde mon frère, ma sœur, dans les yeux ? Lorsque je sais qu’une personne est malade, est-ce que je vais la voir ? Est-ce que je la salue avec tendresse ? ».

Pour compléter cet examen de conscience, « il existe un signe qui nous aidera sans doute ». Il s’agit d’« une question : est-ce que je sais donner une caresse aux malades, aux personnes âgées, aux enfants ? Ou ai-je perdu le sens de la caresse ? ». Les hypocrites, a-t-il poursuivi, ne savent plus donner de caresse, ils ont oublié comment on fait. Voici alors la recommandation de « ne pas avoir honte de la chair de notre frère : c’est notre chair ». Et « nous serons jugés », a conclu le Pape, précisément sur notre comportement à l’égard de « ce frère, cette sœur », et certainement pas « sur le jeûne hypocrite ».

 



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