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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 17 mai 2016

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 21 du 26 mai 2016)

Cette envie d’arriver

Il existe une « tentation » qui « divise et détruit l’Église » : c’est « l’envie mondaine d’avoir le pouvoir », l’envie et le désir « d’aller plus haut ». Cette tentation répond à la « pensée du monde », tandis que Jésus parle « de service, d’humiliation ». En se confrontant au passage évangélique du jour, extrait de l’Évangile de Marc (9, 30-37), toute la méditation du Pape s’est développée sur l’opposition entre ces « deux façons de parler ». L’Écriture, en effet, présente Jésus qui « enseigne à ses disciples » et en leur disant « la vérité sur sa propre vie » — sur la sienne, mais « également sur la vie des chrétiens, la “vraie” vérité » — révèle : « Le Fils de l’homme est remis entre les mains des hommes et ils le tueront ; mais, une fois tué, après trois jours, il ressuscitera ». Le récit évangélique se poursuit et on peut lire que ceux-ci « continuent leur chemin, mais pas en silence » : les disciples « continuent à parler ». Une fois arrivés à Capharnaüm, Jésus demande : « De quoi discutiez-vous sur la route ? ». Aucune réponse. Ceux-ci « avaient honte de dire à Jésus, en effet, de quoi ils discutaient. Sur la route en effet, ils avaient discuté entre eux de savoir qui était le plus grand ». Voici, donc, l’opposition : « Jésus parle un langage d’humiliation, de mort, de rédemption, et eux parlent un langage d’arriviste : qui ira le plus haut dans le pouvoir ? ». Telle est l’une des tentations qu’ils avaient — « ils étaient tentés par la façon de penser du monde mondain » — mais « pas seulement eux ». C’est pourquoi Jésus s’empresse d’appeler les douze et de leur dire : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous ». Cet enseignement de Jésus à ses disciples vaut pour tous : « Sur la route que Jésus nous indique pour aller de l’avant, le service est la règle. Le plus grand est celui qui sert, celui qui est le plus au service des autres, pas celui qui se vante, qui recherche le pouvoir, l’argent, la vanité, l’orgueil ». Un enseignement nécessaire, car il s’agit « d’une histoire qui se vérifie tous les jours dans l’Église, dans chaque communauté », où souvent l’on se demande : « Mais chez nous, qui est le plus grand ? Qui commande ? ». Emergent alors les « ambitions », l’« envie de gravir les échelons, d’avoir le pouvoir ». La synthèse est dans l’opposition déjà évoquée : « Jésus parle un langage de service, d’humiliation, il dit même : “Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir” ». Au contraire, « le langage du monde est : “qui a le plus de pouvoir pour commander ?”. Et ce langage mondain est l’ennemi de Dieu ». Quand, en effet, il y a de la « vanité », une « envie mondaine d’avoir le pouvoir, pas de servir, mais d’être servi », l’on fait feu de tout bois. Ainsi, par exemple, il y a les « bavardages », le fait de « salir les autres ». Nous « savons tous » que « l’envie et les jalousies empruntent ce chemin et détruisent ». Tout cela « se vérifie dans chaque institution de l’Église : paroisses, collèges, autres institutions, même dans les évêchés... tous ». Voilà les « deux façons de parler » : d’un côté, « l’esprit du monde, qui est l’esprit de richesse, vanité et orgueil » ; de l’autre, Jésus qui dit : « le Fils de l’homme est remis entre les mains des hommes et ils le tueront ». Il « est venu pour servir et il nous a enseigné la route à suivre dans la vie chrétienne : le service, l’humilité ». Du reste, « quand les grands saints disaient qu’ils se sentaient très pécheurs, c’est parce qu’ils avaient compris cet esprit du monde qui était en eux et ils avaient de nombreuses tentations mondaines ». En effet, « aucun de nous ne peut dire : “Non, moi non, pas moi... je suis une personne sainte, propre”. Nous sommes tous tentés par ces choses, nous sommes tentés de détruire l’autre pour monter ». C’est une « tentation mondaine » qui « divise et détruit l’Église », et ce n’est bien entendu pas « l’Esprit de Jésus ».

 



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