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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX DIRIGEANTS DES COMMUNICATIONS SOCIALES
DE L’EUROPE ET DE L’AMÉRIQUE DU NORD

Lundi 8 avril 1974

 

En vous accueillant aujourd’hui, Messieurs, malgré le programme particulièrement lourd de la Semaine Sainte, Nous voulons donner un nouveau témoignage de l’intérêt du Saint-Siège pour les instruments de la Communication sociale, et vous redire combien Nous sommes conscient de leur immense importance pour la formation de la mentalité de l’homme d’aujourd’hui. Nous voulons aussi vous dire notre estime personnelle, notre confiance, et faire un appel à votre responsabilité et à votre compétence en vue de la toute proche Année Sainte.

I

Quiconque réfléchit tant soit peu aux transformations du monde moderne ne peut manquer d’être frappé par celle qui saute aux yeux de tous: la place prise, dans la vie des hommes, en quelques années, par les techniques audio-visuelles. Non seulement les appareils de radio et de télévision ne sont plus un article de luxe, réservé à un public d’une certaine élévation sociale et culturelle, ils sont devenus le bien de tous, un objet qui fait partie, pour ainsi dire, du mobilier de la famille, de celle de l’ouvrier comme de celle du dirigeant d’entreprise; un instrument dont le langage est accessible à l’illettré aussi bien qu’à l’homme de haute culture. Dans les vastes zones recouvertes par la civilisation industrielle, ces techniques font partie de la vie, s’y intègrent, influent sur son déroulement. Ceux qui les dirigent sont devenus, en quelque sorte, les docteurs et les maîtres de ce monde de l’audition et de l’image, ils constituent désormais une nouvelle catégorie parmi les «pédagogues» de l’humanité.

Quelle responsabilité cela entraîne, tout le monde le voit sans peine. Nos prédécesseurs immédiats et Nous-mêmes y avons insisté dans de multiples documents, dont les principaux vous sont sans doute connus, Mais on peut se demander si cette responsabilité ne se trouve pas devoir faire face aujourd’hui à un fait nouveau. Il semble que l’accélération du rythme des sensations audio-visuelles amène une sorte de saturation, engendre une certaine lassitude, aboutit à une certaine déconvenue. L’exploration de toutes les possibilités imaginables en ce domaine fait prendre conscience qu’elles n’apportent pas à l’homme une satisfaction totale, qu’elles n’apaisent pas ses aspirations les plus profondes. C’est qu’elles laissent, hélas! trop souvent de côté - et parfois offensent gravement - les exigences qui sont le plus enracinées dans l’âme humaine, les exigences morales et religieuses. Et c’est sans doute ce qui explique le succès de certaines émissions où est présenté, dans un relief saisissant, l’aspect tragique de la destinée humaine; où sont abordés les problèmes fondamentaux pour l’homme: celui de son origine et de sa fin, le mystère du gouvernement du monde - hasard ou Providence? -, le problème du mal. L’homme se sent alors concerné, non dans une zone superficielle de son être, mais dans sa réalité profonde.

II

En vous invitant à considérer au point de vue des «mass media» la perspective de l’Année Sainte, Nous vous suggérons, par le fait même, d’être attentifs à cette exigence profonde de l’homme moderne, et aux moyens de la satisfaire. Et Nous croyons répondre au véritable bien de l’humanité - qui est, vous le savez, le grand souci de l’Eglise - en vous invitant à faire une large place, dans vos émissions, au grand événement social et religieux que va constituer l’Année Sainte 1975.

Vous en étudierez les modalités avec notre Commission pontificale pour les Communications sociales. Pour notre part Nous voudrions insister seulement sur l’entière disponibilité du Saint-Siège, sur son désir de favoriser au maximum votre travail, sur son intention de vous fournir toute l’aide et la collaboration que vous êtes en droit de nous demander.

Il est facile, pensons-Nous, de discerner dans cette collaboration une convergence d’intérêts: c’est l’intérêt de 1’Eglise que les mass media fassent un large écho aux finalités de l’Année Sainte et à ses principales manifestations; c’est votre intérêt que la collaboration la plus ouverte vous soit assurée dans ce but; c’est encore et surtout, pensons-Nous, l’intérêt de l’homme moderne, en proie à tant d’angoissants problèmes, à tant d’insatisfaction et d’incertitudes, c’est l’intérêt de toute la société, que lui soient largement ouvertes les sources d’un renouveau spirituel, auquel elle aspire sans en avoir toujours conscience, et que l’Année Sainte se propose de lui apporter.

L’événement, vous le voyez, dépasse de beaucoup, dans notre intention, les frontières de l’Eglise catholique. Il concerne et voudrait atteindre le plus grand nombre possible d’hommes de bonne volonté: cela dépendra, après la grâce de Dieu, de l’efficacité des mass media qui sont entre vos mains!

C’est vous dire, Messieurs, de quel cœur Nous vous accueillons aujourd’hui. En formant des vœux fervents pour qu’ensemble nous puissions travailler utilement au véritable bien de l’humanité, Nous invoquons sur vos personnes, sur vos familles, et sur vos activités en vue et au cours de l’Année Sainte, l’abondance des divines bénédictions.

   



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